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mercredi 14 novembre 2012

"GERVAISE" (de René Clément, 1956)

En quelques mots : A Paris, sous le Second Empire, la belle Gervaise est abandonnée par son amant Lantier et humiliée devant les femmes du quartier. Restée seule avec ses enfants, elle se marie avec un ouvrier-couvreur, Coupeau, qui est victime peu après d'un grave accident de travail. Alors que celui-ci sombre dans la jalousie et l'alcoolisme, Gervaise ouvre sa propre blanchisserie, retrouve son ancien amant et Virginie, qui la détestait jadis.

Gervaise est le prénom de l'héroïne de L'assommoir, roman de Émile Zola publié 80 ans avant que René Clément réalise ce film, au moins la cinquième adaptation au cinéma de ce classique de la série des Rougon-Macquart. Elle met en scène la triste vie d'une blanchisseuse tiraillée entre un ancien amant oisif, un mari alcoolique et une rivale jalouse. Je ne suis pas plus un idolâtre de Zola que des grands films dramatiques où les situations misérables se succèdent à l'écran dans un tourbillon infernal qui ne peut conduire qu'à une fin encore plus terrible. Heureusement pour nous, Gervaise possède un certain nombre de qualités qui en font une adaptation cinématographique très réussie : la mise en scène relevée de René Clément, qui semble se surpasser dans les travellings intérieurs et les mouvements de grue à l'extérieur, associée à une très belle photographie de Robert Juillard (avec qui il avait déjà travaillé sur Jeux interdits) et des acteurs très inspirés. Le film repose principalement sur un quatuor : deux hommes, Armand Mestral et François Périer, très à l'aise dans leurs rôles et dotés d'une petite ressemblance physique amusante et intéressante pour l'histoire ; deux femmes, Maria Schell qui trouve un rôle magnifique et Suzy Delair, parfaite méchante de cinéma, qui incarne la fourberie avec élégance.

Soyons quand même honnêtes, qui n'est pas inconditionnel de l’œuvre de Zola trouvera dans cette histoire quelques longueurs et quelques scènes inutiles. L'enchainement des misères, quand on sait qu'elles ne sont pas éphémères, fatigue un peu à force, mais Gervaise peut compter sur plusieurs très grandes séquences qui touchent au sublime. Il faut voir avec quelle force, quelle violence Maria Schell et Suzy Delair se battent dans un lavoir sous les yeux de toutes les femmes du quartier, d'abord avec de l'eau puis avec les mains, la première infligeant une fessée déculottée d'anthologie à la seconde !




Je vous propose de visionner sur ce blog la deuxième grande séquence du film, quasi en intégralité (d'où une vidéo un peu plus longue que d'ordinaire, vous me le pardonnerez j'espère) : ce repas de fête est le point d'orgue du film et reprend, avec tout le talent des scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost, tout ce qui fait la force et l'intérêt de cette histoire : les rivalités, la misère, la faim, la mélancolie, l'amour, la famille, la folie. Il faut voir avec quel passion Maria Schell mange son morceau de poulet, avec la puissance d'une femme qui ne connaît pas la profusion et la beauté d'une maitresse de maison fière de sa soirée. Rarement un regard féminin n'aura été aussi bouleversant d'humanité au cinéma ! L'étirement de la fête, qui manque à plusieurs moments de virer au drame (le nombre de convives, la politique, l'ancien amant qui revient), est bien cet assommoir terrible que décrit Zola, un destin contre lequel on ne peut rien, un trop plein de vie qui écrase tout sur son passage, jusqu'à la voix tremblante d'une jolie blanchisseuse pourtant si belle quand elle chante.

dimanche 21 octobre 2012

ON VEUT VOIR : le seul film réalisé par Pierre Fresnay !

Pierre Fresnay, qui préférait le théâtre au cinéma, est tout de même passé une fois derrière la caméra, en 1939. C'était pour Le Duel, où il se mettait en scène aux côtés de ... Raimu, Yvonne Printemps, Raymond Rouleau et François Périer, sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Excusez du peu ! Dans "Noir et Blanc : 250 acteurs du cinéma français", Olivier Barrot et Raymond Chirat sont assez durs envers ce film qu'ils jugent comme une "erreur" et qu'ils expédient assez rapidement, avant de conclure que la guerre arrivant, on oublia vite cette incursion ratée.

IMDB nous apporte quelques informations supplémentaires : le film serait sortit en janvier 1941 et ... n'a pas été noté par les utilisateurs du site, autant dire que personne ne l'a vu, ce qui est très rare ! Pathé semble propriétaire des droits, il n'y a plus qu'à espérer qu'ils se décident un jour ou l'autre à l'éditer sur un DVD, à moins qu'il ne soit trop tard et que les copies aient toutes disparu. Un quelconque gentil visiteur de ce blog aurait-il vu ce film un jour à la télé ?

lundi 10 septembre 2012

Les débuts à l'écran de ... François Périer !

J'évoquais récemment, dans une phrase terriblement lapidaire, la première apparition à l'écran du jeune François Périer, acteur important du cinéma français, sans même associer une petite photo. Je répare cette faute aujourd'hui, en inaugurant par la même occasion cette nouvelle rubrique : "les débuts à l'écran de ...".

En 1938, le jeune François Périer incarnait dans La chaleur du sein, face à Arletty, un très bon ami du suicidaire Jean Paqui, venu chez lui vérifier qu'il est toujours envie, le réconforter et lui redonner sa lettre d'adieu. Un court passage gominé et maquillé, qui ne marque pas spécialement ... des débuts quoi !

dimanche 2 septembre 2012

"LA CHALEUR DU SEIN" (de Jean Boyer, 1938)

En quelques mots : Gilbert Quercy, jeune homme de 18 ans, tente de se suicider pour un chagrin d'amour. Se succèdent à l'hôpital pour lui remonter le moral les trois anciennes femmes de son père, archéologue et égyptologue toujours en voyage, qu'il appelle ses "mères". D'une bonne volonté, celles-ci se révèlent vite intrusives.

Ce film, longtemps considéré comme perdu, a été retrouvé il y a quelques années maintenant et édité en DVD par MK2. Si on n'a pas retrouvé un chef d’œuvre incontournable, il faut reconnaitre plusieurs qualités à cette petite comédie de Jean Boyer, à commencer par son étonnante modernité sur le concept de famille. A l'heure où tous les journaux nous empestent de reportages et d'enquêtes sur les conséquences des familles recomposées, cette Chaleur de sein nous montre un jeune homme qui a été élevé par trois femmes différentes, mariées un temps à son père, et qui ne s'en porte pas plus mal ... si ce n'est dans cette histoire où les trois femmes reviennent en même temps !

Michel Simon ne se renouvèle guère et incarne son infatigable personnage débonnaire, avec toutefois une pointe d'aristocratie. On retrouve avec le même plaisir Marguerite Moreno en américaine (avec un terrible accent) éprise d'archéologie et seule femme à bord du bateau à vouloir écouter l'égyptologue rasoir. Gabrielle Dorziat et Jeanne Lion incarnent ses deux premières épouses, très vieille école, coincées et partisanes d'une éducation qu'on imagine sans mal rigoriste. Arletty est la dernière épouse, la plus libre, la plus insolente, celle qui débarque à l'hôpital en tenue d'équitation et s'allume une cigarette. Avec la gouaille qu'on lui connait, elle se démène pour que Jean Paqui oublie ses idées suicidaires. Elle va jusqu'à faire du charme au patron du jeune homme (Pierre Larquey) pour lui faire oublier qu'il lui a volé 30 000 francs.



Le film s'apparente à une suite de situations plus ou moins drôles où les trois femmes tentent de s’immiscer dans la vie de celui qu'elles considèrent comme leur fils. Le passage avec Pierre Larquey est probablement le plus réussit grâce au talent des deux acteurs et aux sous-entendus. On ne s'ennuie pas (le film ne dure que 74 minutes) et on prend plaisir à suivre cette gentille histoire, pas si démodée que ça !

A noter la première apparition à l'écran de l'acteur François Périer (dans le rôle de l'ami de Jean Paqui).

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