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jeudi 12 décembre 2013

"LES VIOLENTS" (de Henri Calef, 1957)

En quelques mots : A Honfleur, une épouvantable sensation de mystère entoure les membres d'une même famille : un riche banquier et son cousin éclusier reçoivent des petits cercueils au courrier et se pensent persécutés par un certain Edgar. Lorsque le premier est assassiné dans son bureau, chacun se demande qui sera le prochain.

Les violents est un des derniers films réalisés pour le cinéma par Henri Calef, l'excellent metteur en scène de Jericho (1946), des Chouans (1947), de La maison sous la mer (1947) et des Eaux troubles (1949). Fidèle à ses envies, il place l'action de son film en Normandie, dans le petit port de Honfleur. Réputé pour sa beauté, il est ici constamment filmé de nuit, noyé dans le brouillard et dans une atmosphère pesante. Comme dans la plupart de ses films, Henri Calef soigne particulièrement l'ouverture, digne des meilleurs films noirs du cinéma français : la nuit, un éclusier au travail qui aperçoit une ombre derrière lui, quelques bruits. Des silences. Des regards angoissés et une superbe partition de Marcel Landowski nous font penser qu'il sera difficile de décrocher avant la dernière minute ; un caractère inéluctable qui était, du reste, l'argument commercial du film à sa sortie. Hélas, si la première demi-heure est réellement intéressante et intrigante, l'arrivée de Paul Meurisse - originellement une ombre mystérieuse - et la succession inexpliquée d'événements, rendent le scénario incompréhensible pendant l'heure suivante. Le dénouement lève une grande part du mystère, certes, mais se calibre dans une décevant banalité et ne parvient pas à faire oublier les invraisemblances.



Pourtant, il y a quelque chose de fascinant dans Les violents. L'interprétation est de haute volée, comme toujours chez Henri Calef, avec Fernand Ledoux, l'un des plus grands acteurs du cinéma français (qui termina d'ailleurs sa vie à côté de Honfleur), et Paul Meurisse en tête d'affiche, une très jolie Françoise Fabian et les impeccables Jean Brochard et René Havard. Junie Astor, quant à elle, n'est qu'une comparse sans relief, hélas. Filmée dans le dyaliscope de la fin des années 1950, cette enquête policière est à découvrir pour l'incroyable sensation de malaise qui se dégage des plans larges, mélange de moiteur et d'épouvante, où on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.


dimanche 27 octobre 2013

"LE COUPABLE" (de Raymond Bernard, 1937)

En quelques mots : Jérôme Lescuyer est l'héritier d'une importante famille de juristes caennaise. Alors qu'il fait ses études à Paris, il tombe amoureux d'une jeune fleuriste, laquelle tombe enceinte rapidement. Lâche et lucide sur les termes d'une telle union, Jérôme profite de la guerre pour abandonner la mère et le nouveau né. Des années après, ils vont se retrouver dans une terrible affaire de meurtre.

Le coupable est la seconde adaptation au cinéma du roman éponyme de François Coppée (1896), après celle de André Antoine en 1917 avec la jeune Sylvie. Cette version signée Raymond Bernard avait de quoi séduire mais laisse, hélas, un petit sentiment de regret, celui de n'avoir pas vu le grand film qu'il aurait dû être. Mélodrame classique sur le fond - avec un trio de personnages qui s'aiment, se détestent, se retrouvent - et sur la forme - la mise en scène peut souvent sembler balourde, le cadrage hasardeux -, Le coupable ne parvient jamais à captiver le spectateur totalement. Il faut d'ailleurs attendre beaucoup trop longtemps qu'il se passe (enfin) quelque chose. L'intrigue forte - un avocat général découvre qu'il doit plaider la mort de son fils - est réduite à une seule petite scène où Pierre Blanchar affirme qu'il est le véritable coupable, d'avoir abandonné son fils. Elle semblerait aujourd'hui presque grotesque à tous ceux qui répugnent déjà de voir un "vieux film en noir et blanc" tant elle arrive comme un cheveu sur la soupe, sans articulation dramatique. La fin n'est que complaisance scénaristique, niaise à souhait et dénuée de toute émotion (même les acteurs n'y croient pas). Elle ne pouvait, de toute manière, passer comme telle qu'après deux heures d'intensité dramatique, ce qui n'est pas le cas.



Restent quelques très bonnes situations sur la bourgeoisie française du début XXe - formidablement incarnée ici par Gabriel Signoret, dont c'est l'avant dernier film, et Marguerite Moreno, toujours sur le fil. Le scénariste Bernard Zimmer se permet (peut-être avec l'appui du livre, que je n'ai pas lu) de jolies répliques :
- "Tu devrais parler à Marie-Louise ce soir. Une petite déclaration ...
- Quoi, lui dire que je l'aime ?
- N’exagérons rien. Que tu l'épouses ...
- Ah !"



Il faut reconnaître également un talent, peut-être passé de mode, aux actrices Junie Astor et Suzet Maïs, fraîches mais sous-exploitées, et à Pierre Blanchar, que j'adore. Certes, son jeu n'a pas l'apanage des grands vins, il vieillit mal - en témoigne sa plaidoirie, tragique à outrance mais probablement assez réaliste quant à l'élocution bourgeoise de l'époque. Pourtant, je ne cesse de le défendre et me plaît à penser qu'il fut un très grand acteur, comique de surcroît, parfois involontairement : la très courte scène des patins dans l'appartement, au début du film, en témoigne.

samedi 19 janvier 2013

"TOI C'EST MOI" (de René Guissart, 1936)

En quelques mots : Bobby Guibert et son meilleur ami Patrice passent leur jeunesse dorée dans des soirées mondaines, entre filles et alcool, avec l'aide financière d'une vieille tante. Celle-ci, alarmée par son comptable sur l'état des finances, décide d'envoyer son neveu aux colonies où elle possède une exploitation. Quand il apprend qu'il devra travailler comme un employé, Bobby échange sa place avec son ami mais tombe amoureux de la fille du propriétaire.

Adapté d'une célèbre opérette éponyme de Henri Duvernois et Albert Willemetz, Toi c'est moi ne doit pas être considéré aujourd'hui pour autre chose que ce qu'il était lors de sa sortie, un divertissement sans prétentions. Oubliés alors les évocations sans complexes de la période coloniale, l'usage abusif du mot nègre (qui vaut aujourd'hui à Quentin Tarantino une petite polémique, pour son nouveau film) et l'exotisme de pacotille d'Antilles de studio. La décontraction des acteurs et l'humour bon enfant de l'ensemble rendent cette comédie musicale tout à fait charmante, à l'image de cette séquence où Tabet et Junie Astor sont poursuivis par un crocodile grotesque (gonflable ?) qu'il faut prendre au second degré. Pills et Tabet sont sympathiques dans leurs premiers rôles bondissants, tout autant que les actrices du film, Claude May en superbe fille de planteur, Junie Astor en fille de gouverneur et Pauline Carton dans un rôle de bourgeoise qui lui change un peu des soubrettes. Saturnin Fabre et André Berley complètent le casting.



Film de vacances par excellence, Toi c'est moi reflète une certaine idée de l’insouciance qui a pu exister dans des esprits de la France de 1936, gouvernée pour la première fois par des socialistes, prometteurs de nouveaux espoirs. On s'étonne même de quelques libertés prises dans le scénario, à l'image d'un amour entre un blanc et une noire, des seins apparents de Claude May partie se baigner nue ou de la chanson restée célèbre, Sous les palétuviers, dont les paroles sont équivoques.


mercredi 12 décembre 2012

"DU GUESCLIN" (de Bernard de Latour, 1949)



En quelques mots : Enfant turbulent, fils d'une petite noblesse bretonne, Bertrand Du Guesclin brille par son aptitude au combat. Vainqueur d'un tournoi où il défait de nombreux chevaliers, il devient un combattant de renom. Au service du Roi de France Charles V, il est fait connétable et décide aux destinées de l'armée royale.

A trop regarder des films, on prend un jour l'assurance de pouvoir en réaliser un - du moins on en rêve secrètement. Et comme les idées coûtent moins chères que les tournages, j'ai développé avec les années plusieurs rêveries : réaliser une vie de Hector Berlioz (d'où peut-être ma déception en regardant La symphonie fantastique), une adaptation de Michel Strogoff (elle aussi assez décevante dans sa version de 1956) et une vie de Bertrand Du Guesclin que j'avais intitulée « Le Dogue Noir ». Acclamé ou méprisé, le connétable de Charles V ne laisse pas indifférent et fait figure aujourd'hui encore de référence quand on évoque les grands noms de la chevalerie française. Longtemps j'ai voulu voir ce film de Bernard de Latour, dont certaines scènes ont été tournées à Dinan (Côtes d'Armor), non loin de chez moi. L'ouverture m'a presque rendu jaloux car dans mon scénario aussi l'action débutait à la basilique Saint-Denis, nécropole des Rois de France où fut inhumé Du Guesclin à sa mort - à la différence que j'ouvrais mon « Dogue Noir » lors des profanations de la Révolution Française, qui n'épargnèrent pas le tombeau du Connétable !

Hélas, cette bonne idée passée, le film s'enfonce avec assurance dans le grotesque du carton-pâte y compris ... pour les extérieurs réels ! La vie de Du Guesclin est caricaturée, vidée de toute ambiguïté - celle-là même qui suscite toujours la colère des nationalistes bretons qui n'hésitent pas à faire sauter les statues du Chevalier - et teintée d'un mysticisme de carnaval. Il faut voir Du Guesclin dire, en plein jour, "Regardez ! L'étoile a disparu !". Les poncifs sur la période médiévale s'accumulent aussi rapidement que défile la vie du héros, sans qu'on ne puisse voir une seule bataille - manque de moyens probablement, de volonté sûrement. Il ne faut pas non plus s'attendre à comprendre quoique ce soit au contexte difficile de l'époque puisque les séquences s'enchainent mécaniquement, presque sans logique et se concentrent autour de Du Guesclin et de son fidèle compagnon. On ne peut s'empêcher de sourire en les voyant se battre à deux, dos au mur, et lancer des coups d'épée sur des adversaires qui tombent comme si on soufflait dessus. Ainsi des grandes étapes de la vie du Connétable, n'espérons pas comprendre ce qu'il part faire en Espagne et comment il a pu devenir le chef des armées royales.



Hélas vraiment, car l'interprétation est de qualité et sauve le film du naufrage. Fernand Gravey apporte beaucoup de crédibilité à son personnage et peut ressembler à l'idée que l'on se fait de Du Guesclin, froid, spadassin et presque analphabète. Gérard Oury campe un sobre Charles V de France, tout comme Junie Astor en Tiphaine et Gisèle Casadesus en Jeanne de Penthièvre. Noël Roquevert n'est pas à sa place dans le rôle du fidèle compagnon et fait beaucoup pour rendre le film involontairement comique (tout comme Howard Vernon en Duc de Lancastre), à la différence d'un jeune Louis de Funès que l'on s'amuse à retrouver dans plusieurs petits rôles ! De quoi, égoïstement, me rendre heureux de penser qu'on est loin du grand film que l'on pourrait consacrer au plus célèbre des Connétables de France.

dimanche 7 octobre 2012

"LA DAME D'ONZE HEURES" (de Jean Devaivre, 1948)

En quelques mots : Stanislas-Octave Seminario (P. Meurisse), dit SOS, retrouve la famille Pescara, à son retour d'Afrique. Il découvre, par l'intermédiaire de la jolie Muriel (M. Francey), que la famille reçoit depuis plus d'un an des lettres anonymes de menaces. Il mène tranquillement son enquête jusqu'au jour où le fils de la famille, Charles, meurt dans d'étranges circonstances, non sans lui avoir révélé un certain nombre d'éléments.

Les droits de La dame d'onze heures semblent bloqués à l'heure où j'écris cet article, et il est impossible de le voir en DVD, ni même à la télévision. Seules quelques copies VHS trainent sur le net, vendues à prix d'or. Ce constat est bien triste, tant ce film mérite d'être redécouvert par le plus grand nombre, tant il s'inscrit dans une excellente tradition de film policier français, agrémenté d'une mise en scène particulièrement efficace.

D'emblée, il y a de quoi faire envie : Paul Meurisse en tête d'affiche, c'est l'assurance d'un premier rôle de choix, et quelle joie de voir au générique les excellents Pierre Renoir, Jean Tissier et Jean Brochard, merveilleux seconds rôles ; Gilbert Gil en fils à papa qui mène son enquête, et bien sûr la magnifique Micheline Francey dont je me fais, depuis les débuts de ce blog, l'ardent défenseur.

Ce petit monde se retrouve au centre d'une étrange affaire policière, menée de main de maître par Paul Meurisse, où les membres de la famille Pescara semblent les proies de graves menaces. L'ouverture du film est absolument notable : elle montre en plans très rapides les grandes étapes du film, brouillant les pistes sans ne donner aucun indice, mais elle met en appétit en présentant les personnages, tirés par les ficelles d'une main (celle du diable ?). Une sorte de bande-annonce du film. L'originalité vient de son montage - normal puis inversé - que l'on voit assez rarement en introduction d'un film policier (les metteurs en scène préfèrent la plupart du temps un meurtre avec des plans sur une main, des pieds ...). Jean Devaivre, qui fut un excellent assistant-réalisateur pendant l'Occupation, notamment auprès de Maurice Tourneur ou Richard Pottier, s'impose ici comme un très bon metteur en scène. A plusieurs reprises, il utilise ses acteurs et sa caméra de telle manière que l'on pense qu'ils s'adressent à nous - à tort : ainsi de la lettre anonyme où Pierre Renoir parle à la caméra - en réalité subjective -, du dossier ouvert par Paul Meurisse où les témoins de l'affaire parlent face caméra.


L'enquête est banale et pas franchement intéressante, le dénouement attendu ... et pourtant, impossible de décrocher. Jean-Paul Le Chanois signe un scénario et des dialogues qui permettent à Jean Devaivre d'en faire ce qu'il veut - est-ce ainsi que l'on reconnait un auteur ? -, avec une mise en scène enlevée, un rythme rapide et des acteurs à leurs aises (Jean Tissier pourrait agacer, car il en fait des tonnes comme toujours, mais il contribue ainsi à créer le mystère autour de son personnage).

Le rythme faiblit légèrement dans la dernière partie du film, qui devient tout à coup conventionnelle - comme si Devaivre voulait à tout prix offrir une fin classique à son film -, quoiqu'il n'y a aucune fioriture lors de la dernière séquence, tout ce qui doit se passer après est parsemé dans diverses séquences pendant le film (histoire d'amour ...).

Je vous présente ici un extrait vidéo, comme la plupart du temps quand je peux le faire, avec cette particularité qu'il s'agit là de l'ouverture dont j'ai parlé plus haut. J'ose ainsi espérer vous donner envie de voir la suite ...

vendredi 31 août 2012

"LES BAS-FONDS" (de Jean Renoir, 1936)

En quelques mots : Pépel (J. Gabin), voleur à la petite semaine, rencontre une nuit un Baron ruiné (L. Jouvet), dont il cambriole l'appartement. Les deux hommes sympathisent et l’aristocrate fauché suit son nouvel ami dans la petite pension où il loge, entre deux femmes amoureuses de lui et un propriétaire sans scrupules.

Ce qu'il y a d'appréciable avec les films de Jean Renoir, et son prestige actuel qui fait se classer La Règle du jeu parmi les plus grands films de tous les temps dans divers classements, vient peut-être de là, c'est leur modernité dans le récit et la mise en scène. Les bas-fonds de 1936 n'ont pas vieillis ; sur la forme au moins. Quand certains films des années 60 ou 70 font poussiéreux et datés, les films de Renoir rayonnent encore chez les amoureux du cinéma français. Du reste, le metteur en scène jouit d'une aura immense, basée sur les critiques de la Nouvelle Vague, qui le rend presque intouchable ; au risque de passer pour un ignare ou un inculte en cinéma.

Pourtant, Les Bas-fonds, comme d'autres, est marqué par l'engagement du réalisateur dans les idées à venir du Front Populaire et on peut pouvoir se fatiguer ici de cette ritournelle sans remettre en question la qualité de l'écriture, et surtout de l'interprétation magistrale de Jean Gabin, et d'un Louis Jouvet étonnamment sobre en aristocrate fauché (leur scène dans l'herbe au bord du canal est superbe). Reste que cette histoire d'amour difficile n'est pas toujours passionnante et qu'il manque parfois un petit quelque chose pour réellement capter l'attention du spectateur.

Peut-être la fidélité de l'adaptation est-elle un problème, en ce qu'elle replace les personnages dans un contexte français mais avec des particularités ... russes (la monnaie, les noms des personnages).

Sous une apparente légèreté, l'histoire se révèle beaucoup plus sombre, dans les descriptions des personnages secondaires notamment (formidable Vladimir Sokoloff), et dans quelques séquences inoubliables (la mort de "pensionnaires" dans la banalité complète, le passage à tabac de Natacha).








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