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mardi 26 mars 2013
"DYNAMITE JACK" (de Jean Bastia, 1961)
En quelques mots : De France, Antoine Espérandieu arrive en Arizona pour faire fortune. Hélas son ami français est mort, tué par le redoutable Dynamite Jack, terreur de la région et fin tireur. Antoine, plein d'inconscience, se rend compte trop tard qu'il est l'exact sosie de Dynamite Jack et s'expose à de grands dangers ... et à l'amour de jolies femmes !
Le western français est un sous-genre qu'il serait bon d'étudier, ne serait-ce que pour rendre compte de la diversité insoupçonnée des productions, de Joe Hamman et Jean Durand à Fernand Reynaud et Robert Hossein. Fernandel s'y est aventuré, c'est le cas de le dire, plusieurs fois : avec La terreur de la pampa (Cammage, 1932) ou Ernest le rebelle (Christian-Jaque, 1938). Dynamite Jack, tourné au début des années 1960, quelques années avant les débuts réels du western européen, dont le spaghetti est le plus fameux, est tout de même le plus célèbre et le plus assumé. Le résultat est catastrophique, difficilement visible pour plusieurs raisons : la mise en scène de Jean Bastia est d'une lenteur insupportable, sans aucun rythme et réduit à néant toute tentative de gag (la longue scène de poker entre Fernandel et son double) ; les décors, trouvés en Camargue probablement, sonnent faux - un cactus dans chaque coin d'angle pour montrer qu'on est dans le Sud des Etats-Unis ne rend pas plus crédible cette histoire que les intérieurs de pacotille (quoique le saloon soit appréciable) ; Fernandel enfin n'est fait pas assez, étonnamment (!), pour sauver ce nanar de l'ennui total passées les vingt premières minutes. Son personnage de hors-la-loi laconique lui va mal et il faut une sacrée admiration pour oser aller au bout de cette histoire à rebondissements.
Avec un peu de bonne volonté, on peut quand même s'amuser - pour passer le temps du film - à noter les quelques références aux classiques du genre : un gunfight de saloon dans le noir, à la lueur des balles, rappelle (surement involontairement) Le Cavalier de la mort (De Toth, 1951), en moins bien ; le vieux personnage interprété avec entrain par Lucien Raimbourg peut évoquer le Stumpy/Brennan de Rio Bravo (Hawks, 1959). Mais le plus amusant est le caractère avant-gardiste de Dynamite Jack puisqu'il devance d'une année l'une des scènes les plus célèbres de l'histoire du western, le duel à trois de L'homme qui tua Liberty Valance (Ford, 1962) où celui qui tue le méchant n'est pas celui qu'on croit, appliquant ainsi avant l'heure la formule selon laquelle quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende.
vendredi 15 mars 2013
"FRANÇOIS 1er" (de Christian-Jaque, 1937)
En quelques mots : Honorin, simple acteur de fête foraine, est heureux de pouvoir enfin interpréter le rôle de ses rêves. Pour mieux s'y préparer, il demande à un ami hypnotiseur de l'envoyer à la Renaissance, au temps de François Ier. A Amboise, il est immédiatement mêlé à une affaire de coeur qui l'oblige à affronter en duel un seigneur. Accompagné de son fidèle petit Larousse, Honorin a le pouvoir de lire dans l'avenir.
Pour finir sur l'élection du nouveau pape François, un clin d'oeil évident, partagé sur la page Facebook du blog par les internautes fidèles, le film de Christian-Jaque intitulé sobrement et assez curieusement François 1er. Car si Fernandel s'envole bien vers la Renaissance française, il n'est que peu question au final du célèbre Roi mais plus de ses courtisans. J'avais un bon souvenir d'enfant de ce film en costumes et je me faisais une joie de terminer ma journée sur cette note nostalgique. Peut-être étais-je justement un peu trop conditionné pour ce nouveau visionnage ? Toujours est-il que ce François 1er m'a laissé un petit goût de déception. L'ouverture dans la fête foraine est poussive tout autant que l'arrivée du visiteur du temps dans le château du Roi de France - si ce n'est quelques mimiques de Fernandel ou sa façon si naturelle de demander à une nourrice du XVIè siècle Vous ne connaissez pas la foire du trône ou la fête à Neu-Neu ?
Les moments incontournables restent savoureux : la prédiction de l'avenir aux grands du royaume, des lapalissades de La Palice (dont l'injuste traitement de l'histoire populaire ne s'arrange pas avec ce film) et l'inévitable scène de torture avec la chèvre. Comme toujours, Fernandel vole toutes les scènes, y compris aux excellents René Génin, Alexandre Rignault et Alice Tissot, impuissants. Le reste ne manque pas de scènes trop longues ou datées (la scène de danse est interminable, le fantôme trop artificiel). Quitte à blasphémer, j'oserais dire que Le bon Roi Dagobert (Chevalier, 1963), dans un genre semblable, assume mieux l'anachronisme et laisse une meilleure part aux seconds rôles.
Pour finir sur l'élection du nouveau pape François, un clin d'oeil évident, partagé sur la page Facebook du blog par les internautes fidèles, le film de Christian-Jaque intitulé sobrement et assez curieusement François 1er. Car si Fernandel s'envole bien vers la Renaissance française, il n'est que peu question au final du célèbre Roi mais plus de ses courtisans. J'avais un bon souvenir d'enfant de ce film en costumes et je me faisais une joie de terminer ma journée sur cette note nostalgique. Peut-être étais-je justement un peu trop conditionné pour ce nouveau visionnage ? Toujours est-il que ce François 1er m'a laissé un petit goût de déception. L'ouverture dans la fête foraine est poussive tout autant que l'arrivée du visiteur du temps dans le château du Roi de France - si ce n'est quelques mimiques de Fernandel ou sa façon si naturelle de demander à une nourrice du XVIè siècle Vous ne connaissez pas la foire du trône ou la fête à Neu-Neu ?
Les moments incontournables restent savoureux : la prédiction de l'avenir aux grands du royaume, des lapalissades de La Palice (dont l'injuste traitement de l'histoire populaire ne s'arrange pas avec ce film) et l'inévitable scène de torture avec la chèvre. Comme toujours, Fernandel vole toutes les scènes, y compris aux excellents René Génin, Alexandre Rignault et Alice Tissot, impuissants. Le reste ne manque pas de scènes trop longues ou datées (la scène de danse est interminable, le fantôme trop artificiel). Quitte à blasphémer, j'oserais dire que Le bon Roi Dagobert (Chevalier, 1963), dans un genre semblable, assume mieux l'anachronisme et laisse une meilleure part aux seconds rôles.
mercredi 13 mars 2013
Habemus Papam !
C'est dans la petite église de Brescello, inondée une fois de plus, que Don Camillo a suivi l'élection du nouveau Pape, François Ier. L'âge d'or du Cinéma Français avait pensé que l'inoubliable adversaire du communiste Peppone ferait un bon successeur de Saint-Pierre, le destin en a décidé autrement. Mais Don Camillo semble heureux, apaisé, de voir que le nouvel évêque de Rome se préoccupe des pauvres et des plus misérables. Don Camille a été en URSS, peut-être partira t-il bientôt en Argentine ...
lundi 11 février 2013
Qui pour succéder à Benoit XVI ?
Alors que le monde catholique apprend la surprenante nouvelle de la démission du souverain pontif Benoit XVI, les journalistes les plus spécialistes de la question se demandent déjà qui va lui succéder. L'âge d'or du Cinéma Français a déjà sa petite idée ...
samedi 26 janvier 2013
"TRICOCHE ET CACOLET" (de Pierre Colombier, 1938)
Typiquement dans la lignée des Fernandeleries ou Fernandelâneries de l'acteur comique, Tricoche et Cacolet est la dernière collaboration de Fernandel avec le metteur en scène Pierre Colombier (Ignace, Les rois du sport). Jacques Lorcey est peut-être gentil quand il évoque ce film qui se contente d'enchaîner des scènes très théâtrales (où Elvire Popesco s'en donne à coeur joie) avec force de déguisements et de gags éculés. Si Fernandel s'en sort toujours bien dans le cabotinage, qu'il a presque érigé en art, c'est moins le cas de Frédéric Duvallès qui en fait des tonnes (notamment dans une insupportable scène où il incarne un marchand arabisant) ou de Saturnin Fabre jamais à court de sourires en coin ou de grandes effusions comiques. Quant à Jean Weber, de la Comédie Française, on regrette sa prestation du Capitaine Fracasse. Toujours est-il qu'il n'y a pas grand chose à attendre de cette comédie simplette, si ce n'est la rencontre entre Fernandel et Ginette Leclerc, amusante. Réservé uniquement aux inconditionnels de l'acteur qui trouveront plaisir à l'entendre chanter Si je jouais du trombone ... déguisé en Queen's Guard !
jeudi 10 janvier 2013
"L'HOMME A L’IMPERMÉABLE" (de Julien Duvivier, 1957)
En quelques mots : Puisque sa femme est partie quelques jours auprès d'un parent malade, le brave Albert Constantin, musicien au Théâtre du Châtelet, s'abandonne à visiter une jolie jeune fille à Montmartre. Mais il n'a pas le temps de s'en aller qu'elle est mystérieusement assassinée dans sa salle de bain. Le lendemain, le voisin de la défunte retrouve Albert et lui demande de l'argent en échange de son silence.
François Truffaut écrivit à la sortie du film que Fernandel ne le faisait plus rire, contrairement à un public moins exigeant, mais plus nombreux, qui continuait de se gondoler devant les pitreries de l'acteur marseillais. Étrange critique, car il serait d'autant plus faux d'affirmer ici qu'il s'agit d'une énième fernandelânerie sans mise en scène et sans histoire. Après une adaptation de Zola (Pot-Bouille, 1957), Julien Duvivier signa avec René Barjavel l'adaptation de ce roman policier de James Hadley Chase, sur un ton comique. Pas tout à fait comédie policière ni sombre polar, L'homme à l'imperméable mélange les genres. Fernandel, étonnant de retenue, y interprète un musicien du Théâtre du Châtelet qui fait la difficile expérience de l'infidélité, ou de l'intention - l'équipe tourna d'ailleurs plusieurs scènes dans les lieux qui étaient occupés par les membres de l'opérette Méditerranée, Fernandel se maquillant le jour dans la loge qu'occupait son ami Tino Rossi le soir. Après une excellente première partie où s'imposent un Fernandel sérieux et aimant, pris de remords lorsqu'il se retrouve dans la chambre d'une autre femme (la sublime Judith Magre), et un Bernard Blier excellent en maître-chanteur tranquille, le film retombe un peu dans les travers d'une intrigue parallèle pas très palpitante et d'une situation qui s'étire trop longtemps. Quelques rares moments de plaisir ponctuent cette comédie noire qui ne sait pas sur quel pied danser (la scène de nuit sous le pont est révélatrice de ce problème) et la fin, convenue, n'arrange rien. Le film jouit aujourd'hui d'une jolie popularité et j'avoue qu'elle me semble un poil surestimée. Si la mise en scène de Julien Duvivier est impeccable (avec une jolie photographie de la nuit) et l'interprétation sans fautes, il manque un petit quelque chose pour accrocher définitivement.
mercredi 26 décembre 2012
"DON CAMILLO MONSEIGNEUR" (de Carmine Gallone, 1961)
En quelques mots : Les années passent en Italie et dans le petit village de Brescello le calme est revenu : Peppone a été élu sénateur à Rome et Don Camillo est devenu Monseigneur au Vatican. Mais quand un projet immobilier des communistes menace une petite chapelle sacrée, les deux ennemis reviennent dans leur village d'origine pour se livrer à nouveau bataille.
Don Camillo et Peppone sont comme des vieux amis de la famille qu'on prend toujours plaisir à retrouver dans n'importe quelles circonstances, quand bien même ils sont devenus assez hasardeusement sénateur ou Monsignore à Rome. Ce quatrième épisode ne démérite pas et s'inscrit dans la lignée des précédents en mêlant avec bonheur ce qui fait la recette de la série. En plein contexte politique de La Coexistence pacifique entre les États-Unis et l'URSS (où le géant soviétique décide de limiter les affrontements avec son adversaire américain), les deux ennemis de Brescello poursuivent également leur Guerre Froide, entre coups tordus et réconciliations émouvantes. Étonnamment, le film évoque le terme de Détente, période qui n'arriva qu'à partir de 1962 après la crise des missiles de Cuba, soit plusieurs mois après la sortie du film.
Si on peut reprocher au film une dernière partie un peu longuette - mais indispensable pour une fin convenue - elle propose tout de même une très belle séquence d'enterrement civil où le communiste Peppone porte le cercueil d'un camarade avec la bénédiction sonore du Clergé (Don Camillo décide malgré tout de sonner les cloches de son église), et on se prend de rêver à une autre aventure lorsque les deux compères se séparent à la gare pour retourner à leurs activités personnelles. Même flanqué de seconds rôles intéressants et marquants - Gina Rovere ou le génial Alexandre Rignault, sous exploité - rarement un duo de cinéma aura aussi bien fonctionné à l'écran, qu'il vampirise littéralement. Toute la force de la série est là, alliée à une intrigue ancrée dans l'Histoire contemporaine, et on sait qu'elle pourrait durer dix épisodes de plus qu'on ne s'en lasserait pas. Chaque séparation finale conserve un formidable potentiel nostalgique et émouvant, une sorte de magie d'autant plus touchante qu'elle n'est pas légion.
mardi 25 décembre 2012
Joyeux Noël 2012 !
Quel travailleur acharné ce Don Camillo ! Alors que vous n'avez pas encore terminé votre repas et que vous vous demandez à peine comment revendre secrètement vos cadeaux inutiles, le brave curé est déjà à l'oeuvre pour que son église brille en ce jour sacré. Notez avec quel soin il repose les couronnes sur la tête de la Vierge et de l'Enfant.
Avec Fernandel (et peut-être la voix du Christ) je me permets de vous souhaiter un Joyeux Noël et de belles fêtes de fin d'année, avec un peu de cinéma français j'espère !
Avec Fernandel (et peut-être la voix du Christ) je me permets de vous souhaiter un Joyeux Noël et de belles fêtes de fin d'année, avec un peu de cinéma français j'espère !
samedi 10 novembre 2012
"LA TABLE-AUX-CREVÉS" (de Henri Verneuil, 1951)
En quelques mots : Urbain Coindet (Fernandel), modeste paysan du petit village provençal de Cantagrel, retrouve sa femme pendue lorsqu'il revient d'une foire. Sa belle-famille fait vite courir le bruit qu'il serait l'assassin de leur fille et celui qui a donné Frédéric Gari aux gendarmes, pour contrebande de tabac. Trois mois plus tard, lorsque celui-ci sort de prison, décidé à se venger, il apprend avec stupeur que Coindet convoite sa sœur !
Henri Verneuil avait déjà rencontré Fernandel en 1947 pour un court-métrage provençal intitulé Escale au soleil, mais La Table-aux-crevés est son premier long-métrage et le début d'une longue collaboration avec l'acteur marseillais. Adaptée de Marcel Aymé, cette histoire très sombre sur les mœurs archaïques d'un petit village du Midi nous offre une sublime première partie, où chaque scène mériterait d'être redécouverte pour son humour noir et ses dialogues emprunts d'un réalisme que l'on a bien du mal à concevoir aujourd'hui. Ainsi de Fernandel qui rentre dans sa maison avec son cheval, découvre sa femme pendue et s'exclame : "Mais il boite ce cheval !" puis, alors que son ami le maire (incarné par l'excellent Fernand Sardou) tente de le réconforter, laisse échapper "Je n'aurais jamais cru que la suspension de faïence serait aussi solide." Les états d'âme sont bien rares dans cette œuvre où les personnages du village, bien que se connaissant tous, se déchirent pour des réputations (superbe séquence avec les femmes du village et le curé) et sont encore marqués par les années sombres de la guerre, qui ont entérinées les divisions politiques et les rancœurs de ceux qui s'y sont plus ou moins bien adapté (un homme, surnommé "le cocu" est devenu père alors qu'il était au front, et doit vivre avec cette honte en permanence).
Le film montre aussi le mépris des habitants de "la ville" pour les paysans qui passaient leurs vies dans le même village et est l'occasion d'une très belle scène où Fernandel s'énerve seul contre la pluie qui l'empêche de sortir et l'oblige à contempler des immeubles avec des dizaines de fenêtres et de barreaux. Si le film peut être une ode à la nature, il rappelle qu'elle n'en est pas moins dangereuse à vivre au quotidien. La Table-aux-crevés évoque aussi à plusieurs reprises la religion, attaquée d'abord puis présentée avec lucidité dans un très joli discours de René Génin. Plus qu'une comédie grinçante, la première partie montre avant tout un reflet de la société rurale des années 1950.
Hélas, la seconde partie souffre de se perdre un peu dans une aventure sentimentale plus classique, entre deux êtres qui s'aiment (Fernandel et la touchante Maria Mauban) mais qui ne peuvent se marier puisque les familles ne s'entendent pas. Pourtant, on y voit les prémices de l'évolution d'une société qui se libéralise, la perte de certaines valeurs que l'on se confesse pourtant de vouloir observer. Ainsi Fernandel et sa fiancée couchent ensemble avant d'être mariés, Maria Mauban se révolte un peu contre l'autorité paternelle.
Si la fin se veut rassurante et plus légère, avec l'intervention toujours efficace de Édouard Delmont, elle ne va pas de soi. Cette société normée et sclérosée est étouffante pour ceux qui y vivent et on regrette presque qu'un coup de fusil ne vienne pas chambouler tout ce village d'individus peu appréciables, pétris de valeurs traditionnelles qui n'évoluent pas. Reste un très bon film réalisé avec soin par le jeune Henri Verneuil, souvent très drôle, parfois touchant, qui offre à Fernandel une excellente composition, authentique et éloignée des cabotinages qui firent sa gloire.
jeudi 25 octobre 2012
"LE COUTURIER DE CES DAMES" (de Jean Boyer, 1956)
En quelques mots : Fernand Vignard, couturier, donne sa démission après que son patron a critiqué une fois de trop sa soi-disant promiscuité avec les femmes des clients. Hélas pour lui, son épouse Adrienne, qui dirige d'une main de fer une petite boutique de prêt-à-porter, ne peut l'entendre. Fernand, qui hérite subitement d'une maison de haute couture féminine, décide de ne pas lui révéler la vérité.
J'avais un souvenir très lointain de ce film, que je confondais encore jusqu'à ce soir volontiers avec Le confident de ces dames et Coiffeur pour dames, titre approchant oblige, avec le même Fernandel. Force est de reconnaître que je ne me suis pas ennuyé devant cette gentille petite comédie qui ne vaut que pour son interprétation. Fernandel est impayable, même cabotinant à l'extrême, dans ce rôle d'homme à femmes qui le sied si bien, habillé avec autant d'élégance qu'il manie le verbe (la présentation de sa collection "La Parisienne" est très bien écrite, bien que désuète). Il faut le voir esquisser son fameux sourire devant de belles dames, bourgeoises ou ouvrières, et les mettre dans sa poche en une poignée de répliques. Un autre acteur à sa place et cette histoire de haute couture serait tombée dans les terribles et profondes oubliettes du cinéma français. Heureusement il n'en est rien, puisqu'il nous permet en plus d'admirer Suzy Delair, dans le rôle - une fois n'est pas coutume - d'épouse jalouse mais aimante.
Au début étriquée dans son rôle de petite bourgeoise coincée et colérique, elle se lâche sur la fin, redevenant la jeune femme pétillante que l'on connaît et rappelant au passage à quel point elle est jolie, dans une scène où elle se déshabille devant une salle comblée qui pense à un sketch.
Le film ne peut s'envisager qu'autour et pour ce formidable duo d'artistes (et quelques noms toujours sympathiques à retrouver comme Françoise Fabian, très jolie, ou Georges Chamarat en notaire). Les plus critiques y verront une accumulation de clichés sur la mode et les homosexuels : Pasquali et André Bervil caricaturent des créateurs très efféminés, avec talent d'ailleurs, et ici et là quelques répliques cinglantes ne pourraient plus passer aujourd'hui sans être qualifiées d'homophobes au pire, de ringardes au mieux. Dans un autre contexte, Fernandel s'abandonna d'ailleurs à un titre sans équivoque, On dit qu'il en est, extrêmement drôle.
La mise en scène de Jean Boyer n'est pas à sauver non plus, tant elle est terne et plate - le réalisateur se contente de poser sa caméra pour filmer les acteurs, sans gros plans, sans mouvements. Je vous propose de retrouver dans une vidéo (assez longue, 8 minutes) quelques bons moments entre Fernandel et Suzy Delair.
J'avais un souvenir très lointain de ce film, que je confondais encore jusqu'à ce soir volontiers avec Le confident de ces dames et Coiffeur pour dames, titre approchant oblige, avec le même Fernandel. Force est de reconnaître que je ne me suis pas ennuyé devant cette gentille petite comédie qui ne vaut que pour son interprétation. Fernandel est impayable, même cabotinant à l'extrême, dans ce rôle d'homme à femmes qui le sied si bien, habillé avec autant d'élégance qu'il manie le verbe (la présentation de sa collection "La Parisienne" est très bien écrite, bien que désuète). Il faut le voir esquisser son fameux sourire devant de belles dames, bourgeoises ou ouvrières, et les mettre dans sa poche en une poignée de répliques. Un autre acteur à sa place et cette histoire de haute couture serait tombée dans les terribles et profondes oubliettes du cinéma français. Heureusement il n'en est rien, puisqu'il nous permet en plus d'admirer Suzy Delair, dans le rôle - une fois n'est pas coutume - d'épouse jalouse mais aimante.
Au début étriquée dans son rôle de petite bourgeoise coincée et colérique, elle se lâche sur la fin, redevenant la jeune femme pétillante que l'on connaît et rappelant au passage à quel point elle est jolie, dans une scène où elle se déshabille devant une salle comblée qui pense à un sketch.
Le film ne peut s'envisager qu'autour et pour ce formidable duo d'artistes (et quelques noms toujours sympathiques à retrouver comme Françoise Fabian, très jolie, ou Georges Chamarat en notaire). Les plus critiques y verront une accumulation de clichés sur la mode et les homosexuels : Pasquali et André Bervil caricaturent des créateurs très efféminés, avec talent d'ailleurs, et ici et là quelques répliques cinglantes ne pourraient plus passer aujourd'hui sans être qualifiées d'homophobes au pire, de ringardes au mieux. Dans un autre contexte, Fernandel s'abandonna d'ailleurs à un titre sans équivoque, On dit qu'il en est, extrêmement drôle.
La mise en scène de Jean Boyer n'est pas à sauver non plus, tant elle est terne et plate - le réalisateur se contente de poser sa caméra pour filmer les acteurs, sans gros plans, sans mouvements. Je vous propose de retrouver dans une vidéo (assez longue, 8 minutes) quelques bons moments entre Fernandel et Suzy Delair.
dimanche 21 octobre 2012
jeudi 18 octobre 2012
"LES GAÎTÉS DE L'ESCADRON" (de Maurice Tourneur, 1932)
En quelques mots : A la fin du XIXe siècle, dans une caserne provinciale, le quotidien des soldats de métier et réservistes. Entre deux hommes qui désertent, un capitaine qui aime trop ses hommes pour les réprimander, des balayeurs qui n'en foutent pas une, des petits chefs en manque d'autorité et un général pour qui rien n'est vraiment grave.
Adapté du roman de Georges Courteline, et de sa pièce de théâtre éponyme, Les gaîtés de l'escadron est un film tout à fait particulier. Il permet au premier abord d'une rencontre au sommet entre Raimu, Fernandel et Jean Gabin - même si celle-ci n'est que très brève dans le film et jamais ensemble. Du genre comique militaire (voire troupier), les premières minutes font craindre le pire, un nanar où s'enchainent les gags sans intérêt, où se croisent des personnages sans relief. Tout change avec l'arrivée de Raimu, extrêmement drôle en officier en charge de la caserne, d'allure autoritaire mais qui n'en use jamais, car il aime ses hommes avant tout et ne cherche pas à les blâmer. Dès lors, cette farce militaire se transforme, comme le roman original, en satire d'une armée française humiliée depuis sa défaite de 1870 et qui se fige dans ses carcans avec prétention, dirigeant difficilement des hommes incompétents à leurs tâches, qui ne songent qu'à la gamelle. A entendre les dialogues, tout le monde devrait se retrouver en prison tant les punitions sont distribuées à tout va. Pire encore, les "Vous me ferez trois jours !" en font rêver certains, la prison ayant ses bons côtés.
Les situations et gags ne sont pas toujours heureux mais ils fonctionnent très bien dans l'ensemble grâce à une belle équipe de comédiens encore jeunes, et dénués de tous leurs (futurs) traits de caractère : Fernandel est presque méconnaissable avec sa voix fluette et sa petite moustache, et il joue les benêts sans en rajouter ; Jean Gabin en impose sans en avoir l'air mais reste loin des rôles de meneurs ; Raimu, le plus extravagant des trois, passe son temps à ronchonner mais n'existe que dans le regard des autres, de fait très importants et particulièrement sobres (il faut voir la scène où il accepte de donner 10 jours de congés à un homme pour un mariage !). A côté de tout ce beau monde, Henry Roussel en général imposant (aux airs de Pétain) et composant, et un Pierre Labry très drôle en soldat Potiron achèvent de compléter ce casting où l'on peut croiser avec de très bons yeux Julien Carette et Pierre Dac !
Le comique militaire n'est pas des plus fins, et ces Gaîtés de l'escadron sortent du lot grâce à une adaptation soignée, un propos qui parle, une mise en scène impeccable de Maurice Tourneur (de très belles scènes de caf'conc notamment) et des acteurs très justes. En outre, il permet de saisir au vol une époque révolue, celle du service militaire (ici, il durait encore trois ans) et d'une armée formée d’officiers qui avaient grimpés les échelons.
Pathé tenta même à sa sortie de coloriser le film, au pochoir, ce qui donne des couleurs tout à fait étonnantes, que l'on peut découvrir (restaurées !) dans le très beau DVD édité pour le Coffret Maurice Tourneur. A ce propos, il faut souligner le sublime travail sur l'image réalisé par les équipes de Pathé pour ce coffret (également pour le son, même si il souffre encore parfois un peu du temps qui passe).
Je vous propose de découvrir un extrait audio, d'une scène amusante entre Fernandel, Raimu et Henry Roussel, pour une histoire de soupe pas très appétissante.
Extrait audio : "La soupe n'est pas bonne ?"
Adapté du roman de Georges Courteline, et de sa pièce de théâtre éponyme, Les gaîtés de l'escadron est un film tout à fait particulier. Il permet au premier abord d'une rencontre au sommet entre Raimu, Fernandel et Jean Gabin - même si celle-ci n'est que très brève dans le film et jamais ensemble. Du genre comique militaire (voire troupier), les premières minutes font craindre le pire, un nanar où s'enchainent les gags sans intérêt, où se croisent des personnages sans relief. Tout change avec l'arrivée de Raimu, extrêmement drôle en officier en charge de la caserne, d'allure autoritaire mais qui n'en use jamais, car il aime ses hommes avant tout et ne cherche pas à les blâmer. Dès lors, cette farce militaire se transforme, comme le roman original, en satire d'une armée française humiliée depuis sa défaite de 1870 et qui se fige dans ses carcans avec prétention, dirigeant difficilement des hommes incompétents à leurs tâches, qui ne songent qu'à la gamelle. A entendre les dialogues, tout le monde devrait se retrouver en prison tant les punitions sont distribuées à tout va. Pire encore, les "Vous me ferez trois jours !" en font rêver certains, la prison ayant ses bons côtés.
Les situations et gags ne sont pas toujours heureux mais ils fonctionnent très bien dans l'ensemble grâce à une belle équipe de comédiens encore jeunes, et dénués de tous leurs (futurs) traits de caractère : Fernandel est presque méconnaissable avec sa voix fluette et sa petite moustache, et il joue les benêts sans en rajouter ; Jean Gabin en impose sans en avoir l'air mais reste loin des rôles de meneurs ; Raimu, le plus extravagant des trois, passe son temps à ronchonner mais n'existe que dans le regard des autres, de fait très importants et particulièrement sobres (il faut voir la scène où il accepte de donner 10 jours de congés à un homme pour un mariage !). A côté de tout ce beau monde, Henry Roussel en général imposant (aux airs de Pétain) et composant, et un Pierre Labry très drôle en soldat Potiron achèvent de compléter ce casting où l'on peut croiser avec de très bons yeux Julien Carette et Pierre Dac !
Le comique militaire n'est pas des plus fins, et ces Gaîtés de l'escadron sortent du lot grâce à une adaptation soignée, un propos qui parle, une mise en scène impeccable de Maurice Tourneur (de très belles scènes de caf'conc notamment) et des acteurs très justes. En outre, il permet de saisir au vol une époque révolue, celle du service militaire (ici, il durait encore trois ans) et d'une armée formée d’officiers qui avaient grimpés les échelons.
Pathé tenta même à sa sortie de coloriser le film, au pochoir, ce qui donne des couleurs tout à fait étonnantes, que l'on peut découvrir (restaurées !) dans le très beau DVD édité pour le Coffret Maurice Tourneur. A ce propos, il faut souligner le sublime travail sur l'image réalisé par les équipes de Pathé pour ce coffret (également pour le son, même si il souffre encore parfois un peu du temps qui passe).
Je vous propose de découvrir un extrait audio, d'une scène amusante entre Fernandel, Raimu et Henry Roussel, pour une histoire de soupe pas très appétissante.
Extrait audio : "La soupe n'est pas bonne ?"
jeudi 4 octobre 2012
Champagne messieurs ?
Et oui déjà le 100ème article ! Après deux mois d'activité et sans aucune publicité de ma part, le blog L'âge d'or du cinéma français va tranquillement sur ses 3000 visiteurs ! Vous êtes de plus en plus nombreux à suivre chaque jour les aventures du "cinéma français de papa" et, surtout, à m'écrire pour me féliciter et m'encourager à continuer, ce qui n'est pas pour me déplaire ! Peu de commentaires sur les articles pour le moment, mais nul doute que ça viendra avec le temps.
Pour l'occasion, une des mascottes du blog, Fernandel, a invité un acolyte de premier ordre en la personne de Raimu, pour fêter dignement ce succès inespéré ! Mais les voilà pensifs, à se demander s'il ne faudrait pas ouvrir ces bouteilles pour le 1000ème article ...
Pour l'occasion, une des mascottes du blog, Fernandel, a invité un acolyte de premier ordre en la personne de Raimu, pour fêter dignement ce succès inespéré ! Mais les voilà pensifs, à se demander s'il ne faudrait pas ouvrir ces bouteilles pour le 1000ème article ...
samedi 29 septembre 2012
"BLAGUE DANS LE COIN" (de Maurice Labro, 1963)
En quelques mots : Jeff Burlington, ancienne vedette du comique, débarque à Las Perlass et se fait engager comme chauffeur de salle dans un casino. Pour se faire apprécier du public, il s'amuse à ridiculiser les chefs des deux bandes qui dirigent la ville. Ces derniers, convaincus qu'il travaille pour quelqu'un de plus important, décident de l'enlever pour le faire parler.
Voilà un bien curieux film dans la filmographie de Fernandel, qui jouit d'une bien mauvaise réputation : les utilisateurs de IMDB l'affublent d'un méchant 3,9/10 ; quant à Jacques Lorcey dans sa biographie de l'acteur, il n'en dit pas plus d'une ligne, laconique. Curieuse malédiction qui frappe cette Blague dans le coin, qui semble bien porter son titre. Et pourtant, les premiers plans du film évoquent l'ambiance des films-noirs américains, le générique est assez réussi, si bien que l'atmosphère outre-atlantique parvient correctement à être restituée dans cette ville cousine de Las Vegas, donnant un départ intéressant à cette comédie policière dont Fernandel suggéra l'adaptation au cinéma. L'acteur fait évidemment sourire en se présentant sous le nom de Jeff Burlington avec son accent marseillais, mais qu'importe ; le ton est assez sérieux et la mise en scène conventionnelle.
L'évolution du scénario n'est pas inintéressante - il est signé par Charles Spaak tout de même (auteur de La grande illusion notamment) - mais manque toutefois de vrai suspens. Maurice Labro n'a pas le savoir faire de Jacques Tourneur et le manque de rythme peut parfois peser sur cette histoire simpliste. Fernandel déploie tout son talent avec plus ou moins d'efficacité (il frise souvent le cabotinage pénible), face à des acteurs dans l'ensemble convaincants : Billy Kearns a vraiment la gueule de l'emploi, tout comme les oubliées Perrette Pradier et Eliane D'Almeida, et les truands Jacques Monod et Roger Dutoit. A noter la présence de Marc Michel (le jeune prisonnier du Trou de Jacques Becker).
Evidemment, Blague dans le coin n'est pas un grand film, et il ne plaira guère qu'aux fans de Fernandel. On pourra d'ailleurs noter quelques évolutions dans sa carrière - le film entend s'inscrire dans la modernité, l'air du temps : ainsi l'ambiance musicale est très jazz, les personnages féminins libérés (mais pas trop) et Fernandel esquisse quelques pas de danse de ce qui ressemble à un mélange de twist et de charleston. Il incarne, en outre, un vieux comique qui enchaîne les tournées sans succès, confrontant alors son personnage à la vieillesse. Un moment émouvant, il apparaît presque face caméra, laissant s'éloigner le jeune couple (et par là même le symbole de la jeunesse révolue), se répétant à lui-même "Je suis un comique, je suis un comique...".
Fernandel insuffle donc un peu de pathétique à son personnage - en témoigne la scène où il arrive déguisé en cowboy, une tenue parfaitement ringarde et démodée - et amène un peu d'intérêt à ce film oublié.
lundi 24 septembre 2012
"L'AUBERGE ROUGE" (de Claude Autant-Lara, 1951)
En quelques mots : Au XIXe siècle, en Ardèche. Un couple d'aubergistes et leur domestique assassinent depuis 20 ans tous les clients qui viennent trouver chez eux le pain et le coucher. Une froide nuit d'hiver, arrivent simultanément les passagers d'une diligence abîmée, et un moine accompagné d'un disciple. Résignée à ne pas assassiner un homme d’Église, l'aubergiste se confie à celui qui ne doit pas trahir le secret de la confession.
Fernandel n'aimait pas ce film : croyant, il détesta les aspects anticléricaux du scénario mais ne s'en rendit compte qu'au milieu du tournage ; en outre, la mise en scène et la direction du film lui échappèrent, lui qui était habitué à voir les films se construire uniquement autour de son action. De fait, au premier abord, son personnage de curé comique, gesticulant et grimaçant à l'extrême dans une tradition burlesque, peut perturber le spectacle d'un conte cynique, à l'humour grinçant, bien plus fin qu'une simple pochade. C'est même à se demander si Fernandel était bien l'interprète idéal pour ce rôle - il faut aussi se souvenir que Jean Aurenche, scénariste et dialoguiste du film avait déjà écrit pour le comique marseillais pendant la guerre (Adrien, en 1943) uniquement pour faire travailler son ami René Wheeler, sans enthousiasme particulier pour les gags de la star. Retrouver ce casting à l'affiche d'un même film au sortir de la guerre a presque de quoi faire sourire.
Et pourtant ... quiconque découvre ou redécouvre ce film aujourd'hui ne peut être qu'admiratif de la qualité de l'ensemble, du quasi sans-faute de toute l'équipe pour faire de L'auberge rouge un chef d’œuvre de comédie et d'humour noir ... et l'un des plus grands rôles de Fernandel !
L'acteur semble aussi perdu que le personnage qu'il interprète au milieu de tous ces gens parfaitement étrangers : d'un côté la froideur cruelle de Julien Carette et Françoise Rosay en aubergistes assassins, de l'autre les passagers de la diligence (dont Jean-Roger Caussimon, très drôle qui parvient à faire jouer le moine aux cartes, pour de l'argent !). Fernandel seul se démène à les sauver tous, dans beaucoup de situations amusantes, et s'il est bien la star du film, les autres comédiens ont une forte importance et, plus rare, de l'épaisseur - y compris pour le jeune moinillon qui, en l'espace de quelques scènes, renonce à sa vocation et découvre l'amour d'une jeune fille.
Ainsi la star Fernandel n'est plus la star - il n'arrive véritablement dans le film qu'au bout d'un quart d'heure d'ailleurs. Et s'il impose son charisme dans les premières séquences très amusantes où il se présente, montre son reliquaire et improvise une quête, tout bascule dans l'une des scènes les plus célèbres du film. Françoise Rosay, qui ne veut pas assassiner un religieux, décide de tout lui confier pour le faire fuir - sécurisée par le caractère impénétrable de la confession. En quelques minutes drôles à souhait, le film aurait pu sombrer dans le drame. C'est là que le caractère naturellement comique de Fernandel devient l'élément central du film, qui oscille constamment entre farce et horreur, dans une atmosphère teintée d'humour noir.
Son personnage - et c'est peut-être ce qui lui a déplu - est le plus grotesque de l'histoire (on ne croit même pas à son tonsure) : il manque d'oublier la prière du repas car il a faim, fait la quête pour pouvoir manger en prétextant un don pour un Saint, rechigne à confesser une pécheresse car sa soupe est chaude. Les passagers de la diligence semblent avoir un peu plus la maîtrise d'eux-mêmes. Et pourtant, c'est bien lui, avec son humour en parfait décalage avec la situation (probablement involontaire de sa part, qui plus est) qui assure toute sa force au film. Il est la pointe d'ail qui fait d'un simple gigot un plat exquis, et de L'auberge rouge un chef d’œuvre d'humour noir. Constamment perdu, exubérant, à la limite du cabotinage supportable (toute la séquence du mariage), Fernandel compose un personnage comique qui ne fonctionne - et c'est rare dans sa carrière - qu'en opposition aux autres, en réaction à leur flegme.
On pourrait évoquer L'auberge rouge sur des pages et des pages - je me suis juste borné ici à évoquer le jeu crucial de Fernandel. Je vous propose aussi de réécouter sur ce blog la très jolie complainte du générique de début, écrite par René Cloërec et interprétée par un Yves Montand habité.
Extrait audio : La complainte de l'auberge (par Yves Montand)
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dimanche 23 septembre 2012
Le dernier rôle à l'écran de ... Fernandel !
Fernandel possède une des plus riches filmographies du cinéma français, et jouit d'un prestige important tout au long de sa vie - à juste titre. Après plus de 50 ans de carrière, un peu affaiblit par la maladie et par une décennie plus inégale en terme de bons films, il endossa une ultime fois le rôle d'un homme simple, dans sa Provence natale.
Échec à sa sortie, Heureux qui comme Ulysse (1970) est considéré par le biographe de Fernandel, Jacques Lorcey, comme un des dix meilleurs films de l'acteur ; j'avoue m'inscrire dans cette lignée et accorder une immense affection pour cette tendre histoire. A le revoir aujourd'hui, on est marqué par les premières paroles de la chanson de Georges Brassens "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages, et puis a retrouvé, après maintes traversées, le pays des vertes années". Conduisant son cheval à pied, à travers le pays de son enfance, vers un lieu de liberté pour qu'il finisse paisiblement sa vie, Fernandel conclut magnifiquement sa carrière. On ne peut s'empêcher d'y voir une métaphore de sa propre existence, elle-même jalonnée de cent paysages et de maintes traversées, avec cette "gueule de cheval" qui fit sa gloire.
Les derniers plans du film sont formidables : après avoir libéré son cheval au milieu des seins, Fernandel s'éloigne tout seul, distance la caméra. On ne peut imaginer qu'il s'agisse du dernier plan de sa carrière, il ne peut pas disparaître comme un cowboy solitaire dans un western. Alors qu'il entend un bruit, il se retourne, le visage sombre et voit apparaître son cheval, qui revient vers lui, comme pour le remercier. Heureux, le tout dernier plan de Fernandel au cinéma est un visage souriant, celui du comique populaire qu'il fut toute sa vie, regardant vers le ciel, apaisé et remercié par celui qu'il a aidé. On n'aurait pu lui souhaiter plus belle sortie.
Échec à sa sortie, Heureux qui comme Ulysse (1970) est considéré par le biographe de Fernandel, Jacques Lorcey, comme un des dix meilleurs films de l'acteur ; j'avoue m'inscrire dans cette lignée et accorder une immense affection pour cette tendre histoire. A le revoir aujourd'hui, on est marqué par les premières paroles de la chanson de Georges Brassens "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages, et puis a retrouvé, après maintes traversées, le pays des vertes années". Conduisant son cheval à pied, à travers le pays de son enfance, vers un lieu de liberté pour qu'il finisse paisiblement sa vie, Fernandel conclut magnifiquement sa carrière. On ne peut s'empêcher d'y voir une métaphore de sa propre existence, elle-même jalonnée de cent paysages et de maintes traversées, avec cette "gueule de cheval" qui fit sa gloire.
Les derniers plans du film sont formidables : après avoir libéré son cheval au milieu des seins, Fernandel s'éloigne tout seul, distance la caméra. On ne peut imaginer qu'il s'agisse du dernier plan de sa carrière, il ne peut pas disparaître comme un cowboy solitaire dans un western. Alors qu'il entend un bruit, il se retourne, le visage sombre et voit apparaître son cheval, qui revient vers lui, comme pour le remercier. Heureux, le tout dernier plan de Fernandel au cinéma est un visage souriant, celui du comique populaire qu'il fut toute sa vie, regardant vers le ciel, apaisé et remercié par celui qu'il a aidé. On n'aurait pu lui souhaiter plus belle sortie.
mardi 11 septembre 2012
"LE RETOUR DE DON CAMILLO" (de Julien Duvivier, 1953)
En quelques mots : Don Camillo est exilé dans un petit village de montagne, difficilement accessible et plongé dans le froid. A Brescello, devant la menace d'une terrible inondation, Peppone fait tout pour construire une digue, mais se heurte au refus d'un grand propriétaire de vignes. Devant son incapacité à régler le problème et la fuite de certains habitants, il décide de rappeler Don Camillo.
Le film commence exactement là où Le petit monde de Don Camillo (1952) s'était arrêté, lorsque le célèbre curé partait pour son exil. On le retrouve donc dans le train, prêt à découvrir sa nouvelle paroisse, perdue dans une montagne cachée par le brouillard. Peppone non plus n'a pas changé et exerce son autorité de maire communiste avec force, méprisant le nouveau curé et forçant un propriétaire terrien à céder ses terres pour le bien des camarades. Il est même affublé d'une petite troupe de choc, pas loin d'être une milice prête à tout pour arriver à ses fins.
Cette suite des aventures de Don Camillo est toujours mise en scène avec talent par Julien Duvivier, qui propose de très jolis cadrages (malgré quelques transparences aujourd'hui pénibles), et il faut noter la très belle photographie de Anchise Brizzi.
Rien ne change réellement dans cette suite où le pouvoir civil et le pouvoir religieux s'affrontent gentiment, mais elle reste tout à fait au niveau de l'original, avec quelques très belles séquences : Don Camillo qui passe un dimanche après-midi avec le fils de Peppone, malheureux dans son collège, ou la séquence de fin et le sermon du curé devant le village engloutis par les flots (émouvant).
Jean Debucourt assure encore la magnifique voix de Jésus, qui parle régulièrement à Don Camillo et s'amuse avec lui ; quant à Édouard Delmont, il est un des personnages comiques du film, jouant un vieux médecin qui n'arrête pas de mourir et de ressusciter. Un des autres jolis moments du film est la Passion du Christ de Camillo qui retourne une nuit chercher sa croix et la remonte seul, sur le dos, le long de sa montagne, sous la neige. Épuisé, il est sauvé par Jésus lui-même, symbolique assez marquante que l'on retrouve à la fin, avec l’inondation, qui n'est pas sans rappeler le Déluge.
Je vous propose de revoir un des passages les plus amusants du film, lorsqu'un ancien adversaire de Camillo et Peppone revient en ville et que les deux compères entendent bien se venger avec de l'huile de ricin :
samedi 8 septembre 2012
Fernandel vous dit ... merci !
Avec Fernandel en cow-boy antipathique et tatillon de la gâchette (en somme, un vrai, un dur, un tatoué !), je tiens à vous remercier, visiteurs de ce blog, réguliers ou non, pour ce premier cap de passé ! En effet, un peu plus d'un mois seulement après la création de ce blog dédié au cinéma français, voilà les 1000 visites atteintes ! Je n'en espérais pas tant, d'autant plus qu'elles sont de plus en plus nombreuses chaque jour.
Il semblerait donc que le cinéma français "de papa" n'est pas tout à fait mort, et qu'il intéresse encore un certain nombre d'amoureux du grand écran, en témoignent les mots-clefs les plus recherchés sur ce blog : Jean Lefebvre, Louis Jouvet, Pierre Brasseur, Grosso et Modo, Pierre Fresnay et le regretté Christian Marin, décédé il y a quelques jours.
Quid de Fernandel alors ? Voilà la raison de sa colère sur cette photo : il n'apparaît pas dans le classement de tête des pages les plus consultées ! De quoi lui faire sortir son flingue et son habit de cowboy !
Il semblerait donc que le cinéma français "de papa" n'est pas tout à fait mort, et qu'il intéresse encore un certain nombre d'amoureux du grand écran, en témoignent les mots-clefs les plus recherchés sur ce blog : Jean Lefebvre, Louis Jouvet, Pierre Brasseur, Grosso et Modo, Pierre Fresnay et le regretté Christian Marin, décédé il y a quelques jours.
Quid de Fernandel alors ? Voilà la raison de sa colère sur cette photo : il n'apparaît pas dans le classement de tête des pages les plus consultées ! De quoi lui faire sortir son flingue et son habit de cowboy !
vendredi 7 septembre 2012
"LE BON ROI DAGOBERT" (de Pierre Chevalier, 1963)
En quelques mots : Le jeune Bébert, pour avoir préféré échanger des billes avec un camarade pendant un cours d'histoire, reçoit pour punition d'écrire une centaine de lignes sur le Roi mérovingien Dagobert Ier. Privé de sa série télévisée favorite, il s'imagine les aventures du Roi Dagobert sous les traits de son propre père (Fernandel).
Certains pesteront probablement du fait que je n'ai pas classé ce film dans la catégorie Nanar ! Mais je dois avouer que la découverte de ce film que je croyais avoir vu il y a longtemps m'a laissé une agréable sensation de plaisir. Certes, la comédie est légère et ne fait jamais dans la finesse, mais elle ne prétend pas autre chose, et remplit parfaitement son contrat en jouant à fond dans la parodie et les détails anachroniques. Mêlés à la vision enfantine de l'Histoire (elle est racontée par Bébert pour sa punition), passent les pires fantaisies et soucis de réalisme, prétextes à rire de notre passé et de ses grandes déclamations. Ainsi Michel Galabru (le fidèle Pépin) et Fernandel s'amusent-ils à trouver un mot historique pour le Roi, passant de "L’État c'est moi !" à "Nous sommes ici par la volonté du peuple ...".
" - Un petit souper aux chandelles ? - Forcément aux chandelles, à quoi pourrait-on s'éclairer en 631 ?" (Pascale Roberts/Fernandel)
Ne cherchez pas la mise en scène, inexistante, ni la vraisemblance des décors.
Le film est truffé de répliques assez amusantes lâchées par des interprètes qui n'attendent que ça : outre Fernandel (génial même quand les films sont mauvais), Darry Cowl compose avec décalage un bourreau "à la carte", Michel Galabru un Pépin qui cherche le mot historique ("Ça pourrait faire une parole historique J'y suis, j'y reste !"), Pierre Doris une crapule amie de Dominique Zardi, Jean Tissier un Connétable en fin de carrière, qui peine à grimper à cheval, ou encore Jacques Dufilho en espion prêt à se déguiser en femme ou en turc ! Gino Cervi, doublé en français pour son rôle de Saint Eloi, fait figure de clown blanc, sage et en retrait, sans véritable séquences comiques.
Revoir ce film pour ce qu'il est, une gentille petite comédie parodique et anachronique (qui annonce Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne), est un plaisir que je ne boude pas. Et je vous propose un petit extrait vidéo du film :
Pour la petite anecdote, la chanson populaire "Le bon Roi Dagobert", largement évoquée dans le film, a été composée en réalité à la Révolution Française pour se moquer de Louis XVI. Évoquant un Roi lointain, elle permettait d'éviter la censure, tout en riant des prétendus défauts du souverain (maladresse ...).
Certains pesteront probablement du fait que je n'ai pas classé ce film dans la catégorie Nanar ! Mais je dois avouer que la découverte de ce film que je croyais avoir vu il y a longtemps m'a laissé une agréable sensation de plaisir. Certes, la comédie est légère et ne fait jamais dans la finesse, mais elle ne prétend pas autre chose, et remplit parfaitement son contrat en jouant à fond dans la parodie et les détails anachroniques. Mêlés à la vision enfantine de l'Histoire (elle est racontée par Bébert pour sa punition), passent les pires fantaisies et soucis de réalisme, prétextes à rire de notre passé et de ses grandes déclamations. Ainsi Michel Galabru (le fidèle Pépin) et Fernandel s'amusent-ils à trouver un mot historique pour le Roi, passant de "L’État c'est moi !" à "Nous sommes ici par la volonté du peuple ...".
" - Un petit souper aux chandelles ? - Forcément aux chandelles, à quoi pourrait-on s'éclairer en 631 ?" (Pascale Roberts/Fernandel)
Ne cherchez pas la mise en scène, inexistante, ni la vraisemblance des décors.
Le film est truffé de répliques assez amusantes lâchées par des interprètes qui n'attendent que ça : outre Fernandel (génial même quand les films sont mauvais), Darry Cowl compose avec décalage un bourreau "à la carte", Michel Galabru un Pépin qui cherche le mot historique ("Ça pourrait faire une parole historique J'y suis, j'y reste !"), Pierre Doris une crapule amie de Dominique Zardi, Jean Tissier un Connétable en fin de carrière, qui peine à grimper à cheval, ou encore Jacques Dufilho en espion prêt à se déguiser en femme ou en turc ! Gino Cervi, doublé en français pour son rôle de Saint Eloi, fait figure de clown blanc, sage et en retrait, sans véritable séquences comiques.
Revoir ce film pour ce qu'il est, une gentille petite comédie parodique et anachronique (qui annonce Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne), est un plaisir que je ne boude pas. Et je vous propose un petit extrait vidéo du film :
Pour la petite anecdote, la chanson populaire "Le bon Roi Dagobert", largement évoquée dans le film, a été composée en réalité à la Révolution Française pour se moquer de Louis XVI. Évoquant un Roi lointain, elle permettait d'éviter la censure, tout en riant des prétendus défauts du souverain (maladresse ...).
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1960's,
Comédie,
Darry Cowl,
dominique zardi,
Fernandel,
Gino Cervi,
Henri Virlogeux,
Jacques Dufilho,
Jean Tissier,
Marthe Mercadier,
Michel Galabru,
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Pierre Chevalier,
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