Affichage des articles dont le libellé est Simone Signoret. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Simone Signoret. Afficher tous les articles

lundi 19 novembre 2012

"DÉDÉE D'ANVERS" (de Yves Allégret, 1948)

En quelques motsÀ Anvers, Dédée (Signoret) est prostituée dans un petit bar de marin tenu par un homme sévère, Monsieur René (Blier) et entièrement soumise à son mac Marco, portier du bar et trafiquant à la petite semaine (Dalio). Un soir, elle croise dans le port un capitaine au long cours qui la fascine. Elle apprend qu'il s'agit d'un vieil ami de René, venu en Belgique pour faire des affaires.

J'avais envie depuis très longtemps de voir ce film que je ne connaissais que par ses affiches et son casting ! Cruelle déception, cette Dédée d'Anvers n'a pas été à la hauteur de mes espérances, probablement parce que le film s'inscrit dans une grande lignée de qualité française qu'il ne parvient pas à égaler, à peine à imiter. De cette œuvre de 1948, on pense très vite aux grands succès d'avant-guerre de Marcel Carné, notamment Hôtel du Nord (1938) et Le Quai des brumes (1938), par l'ambiance brumeuse du port d'Anvers, ces petits caïds qui n'impressionnent personne et ces personnages ancrés profondément dans un quotidien, voilés d'un mystère qui les rend très charismatiques (formidable Bernard Blier), la majorité de l'action se déroulant dans un bistrot où l'on monte et on descend au gré des humeurs. Le pastiche est parfois grotesque, à l'image de Simone Signoret "déguisée" en Michèle Morgan avec son béret et son imperméable en cuir. D'ailleurs, on ne peut pas s'y tromper, le scénariste et dialoguiste Jacques Sigurd travailla par la suite avec Marcel Carné.

Hélas, la sauce ne prend rarement, épisodiquement dans quelques bonnes scènes (le repas du début, les envolées d'autorité de Blier ou le pathétique de Dalio qui tente de brider Signoret) mais ne provoquent la plupart du temps qu'un ennui couvert d'un certain charme esthétique. Toutes les séquences avec Marcello Pagliero sont laborieuses car artificielles, dénuées de toute humanité, ce qui impute au film une part de son efficacité. La mise en scène de Yves Allégret ne sauve rien à l'affaire, malgré des bonnes idées de cadrage, particulièrement sur les dernières minutes du film.


Restent les acteurs qui suffisent à susciter l'intérêt pour cette histoire qui en intéresse peut-être certains. Elle n'est pas dénuée d'un certain charme, traité avec une noirceur exagérée.

dimanche 23 septembre 2012

"FANTÔMAS" (de Jean Sacha, 1947)

En quelques mots : Alors qu'elle est en train de se marier avec le journaliste Fandor, le terrifiant Fantômas intervient pour capturer sa fille Hélène, en vain. Il lance alors un ultimatum aux autorités françaises et réclame un milliard en or, ou il tuera un million de parisiens. Le commissaire Juve mène son enquête.

Neuvième adaptation du Fantômas de Marcel Allain, ce film signé Jean Sacha respecte finalement assez bien la trame littéraire originale en proposant une série B tout juste convenable, avec des rebondissements improbables et de l'action de pacotille. Il n'y a évidemment aucuns moyens pour ce divertissement populaire, si ce n'est la présence intéressante de Marcel Herrand en prince du crime - inquiétant mais terriblement mal mis en valeur. Alexandre Rignault en commissaire Juve sauve clairement le film par sa présence et son dynamisme, et on peut s'amuser de voir Simone Signoret encore jeunette servir d'atout charme au film. Fandor, terne André Le Gall, ne provoque pas le moindre sentiment d'empathie, ni l'élégante Lucienne Lemarchand en Lady Beltham, rôle malheureusement complètement laissé de côté. A noter dans le casting que l'on retrouve Jacques Dynam, dans un petit rôle, qui deviendra en 1964 l'adjoint du commaire Juve/De Funès dans le Fantômas de André Hunebelle.


Le film existe en DVD chez René Chateau dans une copie un peu abîmée. Je ne suis pas sûr de la nécessité de se procurer ce Fantômas, si ce n'est pour les amoureux de Simone Signoret et les inconditionnels de Alexandre Rignault. Les autres s'ennuieront ferme devant ces aventures sans souffle et sans moyens, et le cabotinage insensé de certains seconds rôles. A noter, pour les amateurs, une petite apparition de Françoise Christophe en ... princesse Daniloff, un de ses premiers rôles (on la retrouvera quelques années plus tard en Lady McRashley dans Fantômas contre Scotland Yard).

dimanche 5 août 2012

"LE CHAT" (de Pierre Granier-Deferre, 1971)


En quelques mots : Julien et Clémence se sont aimés follement. Mariés depuis des années, vivant dans un petit pavillon de banlieue qu'ils sont priés de quitter car il va être détruit, le couple n'a plus rien à se dire. L'arrivée d'un chat, et l'attention que lui porte Julien au détriment de sa femme, va finir de les séparer.

On peut comprendre que Jean Gabin aimait particulièrement ce film, car ce personnage, pourtant bourru et laconique, comme à son habitude, est particulier dans sa carrière. Rarement on l'aura vu se démêler dans ses sentiments à ce point, et avec d'autant plus de justesse que son rôle est celui d'un homme simple, comme tout le monde, terriblement ressemblant à ce que chacun peut devenir un jour. Face à lui, la toujours parfaite Simone Signoret dans un rôle d'alcoolique au passé glorieux, et heureux.



En marge de la décomposition de leur amour, la mutation des villes. Leur gentil pavillon de banlieue, vendu par un promoteur comme un nid d'amour avec un "bail pour la vie", est entouré par un gigantesque chantier d'immeubles et de complexes commerciaux. Pire même, il est condamné à être détruit, et ses propriétaires expulsés. Au milieu de tout ça, un chat trouvé dans la rue apparaît pour Gabin comme la dernière chose à laquelle se rattacher.

Le film est habillement construit en une succession de flashback et offre une belle ouverture, quasiment muette, où les deux personnages se croisent, se suivent, se regardent sans jamais se dire un mot. On entend, seuls, les bruits de la ville qui évolue et des chantiers permanents. Peu de fausses notes dans ce bon film de Granier-Deferre sinon quelques longueurs sur les malheurs de Simone Signoret (l'épisode du chat au supermarché) ou des flashback trop lointains, mis en scène façon David Hamilton.
En second rôle, la sympathique Annie Cordy, ancienne maîtresse de Gabin et propriétaire d'un hôtel de passe, spectatrice impuissante du naufrage du couple.


Le chat reste un très beau film sur la vieillesse, loin des clichés, et terriblement nostalgique. Il est aussi le symbole de la fin d'une époque : réalisé au début des années 70 avec des anciennes gloires du cinéma français, il montre l'agonie des villes, qui s'étalent de plus en plus, et l'évolution des faubourgs en banlieues dortoirs. Un film sur la disparition progressive du passé.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...