En quelques mots : A Honfleur, une épouvantable sensation de mystère entoure les membres d'une même famille : un riche banquier et son cousin éclusier reçoivent des petits cercueils au courrier et se pensent persécutés par un certain Edgar. Lorsque le premier est assassiné dans son bureau, chacun se demande qui sera le prochain.
Les violents est un des derniers films réalisés pour le cinéma par Henri Calef, l'excellent metteur en scène de Jericho (1946), des Chouans (1947), de La maison sous la mer (1947) et des Eaux troubles (1949). Fidèle à ses envies, il place l'action de son film en Normandie, dans le petit port de Honfleur. Réputé pour sa beauté, il est ici constamment filmé de nuit, noyé dans le brouillard et dans une atmosphère pesante. Comme dans la plupart de ses films, Henri Calef soigne particulièrement l'ouverture, digne des meilleurs films noirs du cinéma français : la nuit, un éclusier au travail qui aperçoit une ombre derrière lui, quelques bruits. Des silences. Des regards angoissés et une superbe partition de Marcel Landowski nous font penser qu'il sera difficile de décrocher avant la dernière minute ; un caractère inéluctable qui était, du reste, l'argument commercial du film à sa sortie. Hélas, si la première demi-heure est réellement intéressante et intrigante, l'arrivée de Paul Meurisse - originellement une ombre mystérieuse - et la succession inexpliquée d'événements, rendent le scénario incompréhensible pendant l'heure suivante. Le dénouement lève une grande part du mystère, certes, mais se calibre dans une décevant banalité et ne parvient pas à faire oublier les invraisemblances.
Pourtant, il y a quelque chose de fascinant dans Les violents. L'interprétation est de haute volée, comme toujours chez Henri Calef, avec Fernand Ledoux, l'un des plus grands acteurs du cinéma français (qui termina d'ailleurs sa vie à côté de Honfleur), et Paul Meurisse en tête d'affiche, une très jolie Françoise Fabian et les impeccables Jean Brochard et René Havard. Junie Astor, quant à elle, n'est qu'une comparse sans relief, hélas. Filmée dans le dyaliscope de la fin des années 1950, cette enquête policière est à découvrir pour l'incroyable sensation de malaise qui se dégage des plans larges, mélange de moiteur et d'épouvante, où on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire