dimanche 5 août 2012

"LE CHAT" (de Pierre Granier-Deferre, 1971)


En quelques mots : Julien et Clémence se sont aimés follement. Mariés depuis des années, vivant dans un petit pavillon de banlieue qu'ils sont priés de quitter car il va être détruit, le couple n'a plus rien à se dire. L'arrivée d'un chat, et l'attention que lui porte Julien au détriment de sa femme, va finir de les séparer.

On peut comprendre que Jean Gabin aimait particulièrement ce film, car ce personnage, pourtant bourru et laconique, comme à son habitude, est particulier dans sa carrière. Rarement on l'aura vu se démêler dans ses sentiments à ce point, et avec d'autant plus de justesse que son rôle est celui d'un homme simple, comme tout le monde, terriblement ressemblant à ce que chacun peut devenir un jour. Face à lui, la toujours parfaite Simone Signoret dans un rôle d'alcoolique au passé glorieux, et heureux.



En marge de la décomposition de leur amour, la mutation des villes. Leur gentil pavillon de banlieue, vendu par un promoteur comme un nid d'amour avec un "bail pour la vie", est entouré par un gigantesque chantier d'immeubles et de complexes commerciaux. Pire même, il est condamné à être détruit, et ses propriétaires expulsés. Au milieu de tout ça, un chat trouvé dans la rue apparaît pour Gabin comme la dernière chose à laquelle se rattacher.

Le film est habillement construit en une succession de flashback et offre une belle ouverture, quasiment muette, où les deux personnages se croisent, se suivent, se regardent sans jamais se dire un mot. On entend, seuls, les bruits de la ville qui évolue et des chantiers permanents. Peu de fausses notes dans ce bon film de Granier-Deferre sinon quelques longueurs sur les malheurs de Simone Signoret (l'épisode du chat au supermarché) ou des flashback trop lointains, mis en scène façon David Hamilton.
En second rôle, la sympathique Annie Cordy, ancienne maîtresse de Gabin et propriétaire d'un hôtel de passe, spectatrice impuissante du naufrage du couple.


Le chat reste un très beau film sur la vieillesse, loin des clichés, et terriblement nostalgique. Il est aussi le symbole de la fin d'une époque : réalisé au début des années 70 avec des anciennes gloires du cinéma français, il montre l'agonie des villes, qui s'étalent de plus en plus, et l'évolution des faubourgs en banlieues dortoirs. Un film sur la disparition progressive du passé.

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