dimanche 19 août 2012

Réalisé par ... HENRl VERNEUIL (1920-2002)


Un documentaire intitulé Henri Verneuil, profession conteur est sorti il y a quelques temps en DVD, l'occasion pour moi de revenir sur la carrière de ce grand nom du cinéma français, qui a laissé derrière lui quelques classiques interprétés par les plus grands.

Et le premier fut Fernandel, vedette populaire, qui accepta de tourner avec ce jeune homme d'origine arménienne, alors inconnu. Au début des années 1950, il enchaina le très bon film La Table-aux-crevés, Le fruit défendu ou Le boulanger de Valorgue, gentille comédie qui n'aurait d'autre intérêt sans la présence du comique marseillais et quelques acteurs, tout comme Le mouton à cinq pattes (1954) où Fernandel réalise la performance d'incarner - avec talent - six personnages, accompagné de quelques seconds rôles appréciables, tels Noël Roquevert ou Louis de Funès (qui campe un génial croque-mort). Ce film est un grand souvenir de jeunesse que je prends toujours plaisir à revoir, tout comme La vache et le prisonnier, son dernier film avec Fernandel, qui vaut largement sa réputation.

C'est auréolé de cette récente gloire qu'Henri Verneuil aborda les années 1960. Le Président, avec Jean Gabin et Bernard Blier, reste à mon avis son meilleur film, formellement parfait et aux dialogues (signés Michel Audiard) qui apparaissent aujourd'hui comme visionnaires. Un singe en hiver l'année suivante est probablement son film le plus célèbre, idolâtré pour son duo légendaire et ses brillantes tirades grandiloquentes ; rançon de la gloire, à l'instar de Georges Lautner et des Tontons flingueurs, le nom du réalisateur disparaît souvent derrière le mythe.

Mélodie en sous-sol, qui met en scène Gabin et Delon, ne m'a curieusement jamais emballé ; manque de rythme à mon goût ou trop jeune pour l'apprécier - il faudrait que je le revois une nouvelle fois. Je lui préfère nettement son film suivant, Cent mille dollars au soleil, film d'aventures viriles aux accents westerniens et à l'interprétation idéale (personne n'a oublié certaines répliques ... "Quand les hommes de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent", "T'es notre petit Angèle", "Un grand, amerloque, genre championne de basket". La mise en scène de Verneuil, épurée, assure la qualité de ce film mal aimé. Week-end à Zuydcoote (1964) est également une de ses plus belles réussites. En suivant le destin de quelques soldats français (Belmondo, Mondy, Marielle...) coincés sur une plage par l'avancée des Allemands, il navigue entre comédie et drame, à son habitude, filmant pour la première fois de grandes scènes d'action avec beaucoup de figurants, utilisant à merveille le plan-séquence.


Je connais mal ses incursions à l'étranger puisque je n'ai vu que La bataille de San Sebastian, avec Anthony Quinn, honnête petit western pas franchement original, un peu brouillon, loin des références du genre. Le Clan des Siciliens (1969) est un de ses films les plus célèbres, dont à peu près tout le monde connaît le titre et la partition de Ennio Morricone. Basé sur un affrontement impressionnant - Gabin / Delon / Ventura - Verneuil assure un honnête policier qui vaut surtout pour les acteurs.

Le réalisateur, fidèle à ses acteurs, poursuit sa relation avec Jean-Paul Belmondo, pour Le Casse, Peur sur la ville et Le Corps de mon ennemi, des films honnêtes où le personnage de Belmondo commence toutefois à s'épuiser, à force d'auto-parodie. Les Morfalous (1984) ne fait pas plus dans la dentelle, malgré une joyeuse équipe et un dialogue amusant signé Audiard.

Ses derniers films marquent une volonté de changer d'acteurs, Verneuil travaillant avec les nouvelles têtes du cinéma français (Dewaere, Berry, Villeret...). Mille milliards de dollars reste un très bon film, classique, ponctué de jolies séquences. Ses deux derniers films, Mayrig et 588, rue Paradis sont autobiographiques.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Il est à noter que les films d'Henri Verneuil, considéré comme le plus américain des réalisateurs français de par sa méthode de travail, n'ont pas rencontré un franc succès à l'international et qu'il n'a jamais joui d'une grande reconnaissance en France. Seul le public français lui a été reconnaissant en se ruant dans les salles (une quinzaine de films à plus de trois millions d'entrées).

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