En quelques mots : Clément Mathieu (Noël-Noël), au chômage, rêve de faire publier son livre "La cage aux rossignols" dans un grand journal. Aidé par un ami, il survit grâce à des petits boulots qui lui font perdre toute crédibilité auprès de la mère de Micheline, sa fiancée (Micheline Francey), celle-là même qu'il avait rencontré lorsqu'il était surveillant dans un internat de jeunes garçons.
Tourné alors que la guerre en Europe n'était pas encore terminée, La cage aux rossignols semblait être un projet qui tenait à cœur à Noël-Noël, qui se chargea - outre le rôle principal - de l'adaptation, du scénario et des dialogues. On sent dès son apparition toute la sympathie de son personnage, un rien lunaire, lointain cousin (un peu plus débraillé) des personnages comiques interprétés par Alec Guinness à la même époque (je pense particulièrement à L'homme au complet blanc de Alexander Mackendrick). L'introduction de l'histoire est d'ailleurs assez longue et il faut presque 30 minutes avant d'arriver à l'internat. L'occasion toutefois de présentations avec la belle Micheline Francey, dont on sait que je l'adore, et de quelques scènes où l'on suit les pérégrinations malchanceuses de Noël-Noël, qui ne parvient pas à faire publier son livre. Celui-ci s'ouvre alors dans un long flashback où l'on découvre que Clément Mathieu fut pion dans un internat de jeunes garçons, souvent orphelins.
Difficile, même si on aimerait le faire, d'éluder les nombreuses ressemblances avec le remake de Christophe Barratier (Les choristes, 2004) tant elles sont nombreuses et horrifiantes. En effet, il semblerait que le jeune réalisateur se soit contenté de littéralement recopier (parfois mot pour mot !) le script de son aîné. Ainsi des décors (la salle de classe, les escaliers, l'infirmerie), des gags récurrents (le squelette) et des scènes importantes (l'arrivée, l'accident, la visite de la chorale, l'incendie ...). Seules les séquences de début et de fin sont différentes, la version originale étant légèrement plus optimiste. Ainsi, ce long flashback qui sert de colonne vertébrale au film n'est pas toujours le plus important, et il est intéressant de voir à quel point le scénario est épuré de tout superflu. La fin, un poil trop heureuse, laisse un agréable souvenir et il n'est pas dur de comprendre pourquoi le film fut un immense succès populaire à sa sortie.
Noël-Noël est idéal dans son rôle (qu'il s'est écrit sur mesure) de gentil amoureux aux idées neuves, et s'oppose dans de jolies scènes à René Blancard, le sévère directeur. Difficile d'ailleurs d'exister face à lui - si ce n'est René Génin, le père Maxence, à qui Clément Mathieu déclare dans le film "Vous ressemblez à l'acteur René Génin" ! - et Micheline Francey est vite reléguée au rang de second couteau (et de voix off, ce qui est une très bonne idée). On redécouvre ce sympathique film avec beaucoup de plaisir, d'autant plus accentué que la mise en scène de Jean Dréville tient largement la route.
Tourné et distribué à la fin de la guerre, les thèmes reliés à la délation, l'autorité punitive et l'enfermement résonnent d'autant plus fortement dans cette Cage aux rossignols.
Note : Il m'est impossible, pour le moment, de vous proposer un extrait vidéo, puisque Gaumont, propriétaire des droits d'auteurs, l'interdit. Le DVD est disponible sur Amazon pour moins de 10€.
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