Plus que les colères et l'insolence de Pierre Fresnay, que j'adore, plus que les boniments sarcastiques de Louis Jouvet, et plus encore que la solide mise en scène de Julien Duvivier, c'est des regards angéliques de Micheline Francey que je me souviens quand je pense à La Charrette fantôme (1939).
Cette très belle actrice, un peu oubliée, à la carrière assez inégale - bien qu'on y compte quelques classiques - resplendit dans ce film aux accents fantastiques en incarnant la pureté même, en la personne d'une sœur de l'Armée du Salut, qui s'use la santé et l'âme à vouloir ramener dans le droit chemin un pauvre diable incarné par Fresnay. L'occasion d'un rôle où Micheline Francey apparaît, aidée par la très belle photographie de Jules Kruger, comme une apparition divine, éclipsant de sa présence les charismatiques Fresney et Jouvet.
Je n'oublierai jamais une des scènes du film où Sœur Édith se rend dans une taverne, insalubre et fréquentée par tous les diables du village, pour y retrouver la trace de l'homme qu'elle veut aider. Devant une table et trois hommes avinés, elle tente d'obtenir sa réponse quand un poivrot lui jette son verre un visage, sans raison. Impassible et lumineuse, elle ne dit rien. Le tavernier, comme s'il avait eu une apparition, en restera marqué.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire