mercredi 3 octobre 2012

"MON FRANGIN DU SÉNÉGAL" (de Guy Lacourt, 1953)


En quelques mots : Jules Pinson, le photographe du village, est fou amoureux de la belle Annette, la fille de l'épicier. Seulement, celle-ci ne jure que par l'aventure qu'elle voit toutes les semaines au cinéma, et ne voudrait pour mari qu'un véritable héros. Jules s'invente alors un frère jumeau, César, tout droit revenu du Sénégal. Les problèmes commencent.

Raymond Bussières est un acteur que j'adore, toujours très juste et amusant ; il y a quelque chose de Buster Keaton chez lui quand il ne parle pas (même dans le physique), et le début de ce Frangin du Sénégal le confirme largement, tant l'acteur parvient à faire rire sans prononcer le moindre mot, ou presque. Le scénario est simpliste et très classique (la fameuse histoire du jumeau inventé, qui entraine gags et péripéties) mais les dialogues sont suffisamment efficaces pour que l'on ne s'endorme pas devant tant de poncifs. La mise en scène de Guy Lacourt s'adapte bien à ce genre de comique de situation, et certaines scènes rapides sont mêmes assez réussies (le réveil de Jules, qui doit changer de chambre le plus rapidement possible). Seules les scènes finales avec le lion dans la forêt, trop longues, alourdissent un peu le film.

Nous parlions de cinéma colonial avec Avoir 20 ans dans les Aurès, ici les clichés du genre (aventure, brousse, dangers, courage) sont largement détournés et tournés en dérision. Il faut se souvenir de l'engagement communiste de Raymond Bussières, de fait probablement anticolonialiste, qu'il est amusant de voir grimé en explorateur avec casque colonial, fusil et petite moustache à la Errol Flynn. Une réplique du film est d'ailleurs très drôle : à un "Salut la Colonie", Bussières dépité, qui veut faire croire qu'il est suicidaire, n'y répond que "Au train où ça va ... adieu la Colonie !". Quelques mois avant la défaite de Diên Biên Phu et la chute de l'empire colonial français, c'est presque de la réplique militante !


L'autre force de cette gentille petite comédie est son casting : outre Raymond Bussières, on retrouve sa jolie épouse Annette Poivre (et leur fille Sophie Sel) ainsi que Noël Roquevert en épicier dépassé, Marcelle Arnold, éternelle "vraie jeune fille" et Louis de Funès en docteur myope et incompétent (qui en fait des tonnes). Dans l'extrait que je vous présente en vidéo, nous retrouvons également la toujours charmante Paulette Dubost, vexée d'avoir été traitée de "gourgandine" !

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