lundi 1 octobre 2012

"NEZ DE CUIR, Gentilhomme d'amour" (de Yves Allégret, 1952)

En quelques mots : Le jeune Roger de Tainchebraye (J. Marais) est gravement blessé lors de la Campagne de France de 1814. Défiguré, il doit porter un masque et, dès lors, il devient un frénétique coureur de jupons, cynique et mécréant. Pour se prouver à lui-même qu'une femme peut encore l'aimer, il laisse la belle Judith tomber amoureuse de lui.

Il y a quelque chose de pathétiquement beau dans l'histoire de cet homme défiguré, incapable d'aimer puisqu'il se sait devenu monstre, caché sous un masque, et qui termine sa vie seul dans son château, après avoir joué avec l'amour des autres. Le roman original, signé Jean de La Varende, était l'un des préférés de René Barjavel, qui le tenait au rand de chef d’œuvre. Quand Yves Allégret décida de l'adapter avec son scénariste Jacques Sigurd, Jean Marais devenait familier des rôles en costumes (il venait de tourner Ruy Blas et Les chouans notamment), et il fut choisit naturellement. Le rôle lui convient d'ailleurs assez bien, et le jeune acteur adopte sa démarche particulièrement reconnaissable à plusieurs reprises, marchant droit, les bras près du corps, la tête haute et le sourire en coin.


Hélas, cela ne suffit pas à sauver cette pénible adaptation littéraire, privée de toute ambition de mise en scène ou de photographie. Passées les premières séquences où Jean Marais tente de se familiariser avec son nouveau visage (et la présence de Missimo Girotti en médecin, le personnage le plus intéressant du film), il faut beaucoup de courage et/ou d'admiration pour l'acteur vedette (et c'est mon cas) pour aller au bout de cette bluette sans saveur. Jean Debucourt, peu exploité, n'y change rien, et préfère se laisser mourir !

Françoise Christophe minaude pendant des heures pour nous faire comprendre qu'elle aime le beau Jean Marais mais que c'est bien difficile, à peu près autant que Mariella Lotti (présente parce que c'est une co-production franco-italienne). Seule Yvonne de Bray et son personnage de bonne dévouée fait sourire quand elle sort avec ses deux pistolets, prête à faire feu. Restes quelques scènes amusantes, trop rares pour que le film mérite qu'on s'y arrête. Le monologue final de Jean Marais à sa belle est aussi long qu'insupportable, et le soulagement est grand lorsqu'arrive enfin la dernière séquence - assez réussie par ailleurs.

Le DVD édité par Pathé tient mieux la route que le film ; l'image est très bonne, les quelques bonus divertissent plus qu'ils passionnent mais le petit livret est bien écrit et apporte quelques informations intéressantes sur le roman et son adaptation (plus une biographie de Jean Debucourt).

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