Tout a été dit sur Jean-Pierre Melville, sur le metteur en scène génial qu'il fut aux yeux de beaucoup, sur ses extravagances sur les plateaux, sur son comportement avec des stars comme Alain Delon ou Lino Ventura. Pour mon article sur Un Flic (1972), son dernier film, j'avais évoqué quelques anecdotes imputables à la fille de Jean Gabin, Florence, qui fut scripte sur le tournage. Je ne résiste pas à l'envie de vous en raconter une autre, très révélatrice de l'homme qu'il était.
"Lorsque j'ai frappé à la porte, mon cœur battait la chamade. Une voix m'a dit d'entrer et je me suis retrouvée au milieu d'une pièce baignée de pénombre où seule la lampe du bureau était allumée, comme pour intimider les suspects. Assise derrière la lampe se trouvait la silhouette d'un homme de forte stature, les yeux dissimulés par des lunettes noires, un large Stetson sur la tête. L'ambiance était très "polar" américain des années quarante. Il m'a fait asseoir en face de lui et, sans faire référence à mon père, ce qui m'a soulagé, m'a demandé ma filmographie. [...] Melville a commencé à mon intention un cours sur le 7ème art. Seule référence : le cinéma américain. Je retins dans le désordre John Ford, Howard Hawks, Alfred Hitchcock, Norman Jewinson et John Schlesinger ... - "Vous comprenez, le cinéma français est inexistant. Nous ne sommes que trois réalisateurs à faire du bon cinéma et à remplir les salles : Henri Verneuil, Gérard Oury et moi-même. Quant aux acteurs, il n'y a que Montand, Delon, Bourvil, et votre père."
Je remarquai qu'il n'avait pas cité Lino Ventura avec qui il s'était fâché sur L'armée des ombres."
Curieuse réduction du cinéma français dans l'esprit d'un homme pour qui ne comptait que le cinéma américain. Ce blog tend à lui donner tort, jour après jour, ce qui ne m'empêche pas d'admirer sa carrière, et de rappeler que Jean-Pierre Melville, né le 20 octobre 1917 à Paris, aurait fêté aujourd'hui ses 95 ans !
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