mardi 31 juillet 2012

"LE TROU" (de Jacques Becker, 1960)

En quelques mots : Un jeune homme, emprisonné à la prison de la Santé pour un différent conjugal, se retrouve à cohabiter avec quatre détenus sur le point de s'évader. D'abord réticents, ils décident de mettre le petit jeune au parfum, et de très vite commencer à creuser un trou vers la liberté.

Classique du cinéma français, Le trou de Jacques Becker s'ouvre pourtant d'une manière originale, sur quelques mots de Jean Keraudy, authentique taulard et compagnon d'infortune du scénariste et futur réalisateur José Giovanni, qui annonce face à la caméra : "Mon ami Jacques Becker a retracé dans tous ses détails une histoire vraie, la mienne. Ça s'est passé en 1947, à la prison de la Santé." Le ton est donné. Mieux encore, cet inconnu qui nous apostrophe incarne son rôle à l'écran, aux côtés de comédiens inconnus, si ce n'est Michel Consantin (qui l'était à l'époque, c'est son deuxième rôle au cinéma).

Les reproches que l'on peut adresser au film sont encore ceux qui font sa grande force, notamment dans l'authenticité presque documentaire de la mise en scène, et de l'interprétation. Avec l'aide de Giovanni, Jacques Becker reconstitue minutieusement les détails de l'évasion, qui deviennent alors les principales vedettes du film, servies par les comédiens.
On est étonné aujourd'hui de voir cette très belle séquence où les prisonniers commencent à creuser le trou dans la cellule, et cette caméra fixe qui ne peut trahir une vraie force chez les acteurs, qui tapent réellement le sol avec un morceau de ferraille.

Pour autant, le réalisateur insuffle un climat de tension palpable dès lors que les taulards s'engouffrent dans les sous-sols de la prison, à l'image de toute la séquence de découverte, où ils suivent discrètement les deux gardiens (dont l'un, sadique, qui aime regarder les insectes se faire dévorer par une araignée géante, est incarné par Paul Préboist). Sans musique pompeuse ou pérégrinations artificielles, Becker créer un suspens dramatique magistral, tout en continuant son exposition des techniques de fraude des prisonniers (les faux dormeurs lors des rondes des gardiens, le sablier ...).

La fin reste extrêmement prenante et puissante, et l'on ne sait pas vraiment pour qui se prendre d'affection. Sans fards, de manière très épurée, Becker termine sa carrière par un film salué régulièrement comme étant un chef d’œuvre du cinéma français. Emmanuel Girard, qui a consacré à un ouvrage à l'étude de ce film*, y voit la fin d'un certain cinéma de pure qualité française et l'apparition d'une vague naissante à laquelle Becker et Jean-Pierre Melville notamment ont montré une voie possible.


Pour aller plus loin :
* Emmanuel Girard, Le trou, de Jacques Becker, Paris, Éditions de l'Harmattan, 2011.
* DVD Le trou, collection StudioCanal Classics, disponible sur Amazon.

dimanche 29 juillet 2012

Louis Jouvet : "Si c'est pas fini, ça va commencer !"

En guise d'introduction à ce blog, je m'accorde le plaisir de repenser à cet échange formidable entre Louis Jouvet et un jeune dragueur dans Hôtel du Nord (1938), de Marcel Carné. Ces quelques répliques sont pour moi inoubliables, et il ne passe pas une semaine sans que je repense à la voix de Jouvet corrigeant le petit opportun. Ah qu'il serait bon d'avoir autant de répartie au quotidien !


- C'est fini ? J'vous d'mande si c'est fini ?
- Ça vous regarde ?
- Parce que si c'est pas fini, ça va commencer !
- Je vous cause pas, j'cause à Renée. Et quand je suis en communication, j'aime pas beaucoup qu'il y ait de la friture sur la ligne !
- Si vous n'aimez pas la friture, moi je n'digère pas le demi-sel ! Voilà une heure que je vous écoute vomir, c'est une heure de trop !

Écoutez l'extrait audio :
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