Affichage des articles dont le libellé est Gérard Oury. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Gérard Oury. Afficher tous les articles

mercredi 6 mars 2013

"GAROU-GAROU LE PASSE MURAILLE" (de Jean Boyer, 1951)

En quelques mots : Léon Dutilleul, célibataire et modeste fonctionnaire, se découvre un soir d'ivresse la faculté de traverser les murs. D'abord embarrassé, puis curieux de s'aventurer en quelques secondes dans des endroits interdits, il fait la rencontre d'une belle jeune femme qui vole dans un hôtel de luxe. Pour la remettre dans le droit chemin, il devient lui aussi voleur et se fait connaître sous le nom de Garou-Garou.

On pourrait attendre beaucoup de cette adaptation de la courte nouvelle de Marcel Aymé, amusante, fantastique et tragique. Le parti d'en tirer un film allongé est intéressant, d'autant que l'adaptation est signée Michel Audiard et que Bourvil semble convenir parfaitement au rôle. Hélas, il est parfois des rencontres qui avortent et des regrets qui en naissent ; on aurait préféré la patte plus légère de Jean Cocteau pour traiter avec poésie cette fable sur l'incroyable destin d'un homme banal ; on aurait aimé que Bourvil soit mieux servi. Car après un début assez convaincant, des personnages secondaires bien plantés (le couple Marcelle Arnold/Jacques Erwin, formidable), cette histoire d'homme qui a le don de traverser les murs s'enlise dans des démêlés romantiques très pénibles que ne sauvent pas les prestations de Gérard Oury (qui se prend des baffes de Bourvil dans une scène amusante) et Joan Greenwood, jeune starlette des studios Ealing qui tourna la même année un autre film avec un homme très recherché, l'excellent Alec Guinness dans L'homme au complet blanc (A. Mackendrick, 1951).



Si l'histoire d'amour est très pénible à suivre - Joan Greenwood minaude à n'en plus finir dans une affreuse voix française -, elle réserve toutefois quelques moments appréciables, et la courte durée du film ne laisse pas un trop mauvais goût. On regrette évidemment que la fin ne soit pas plus fidèle à la nouvelle, bien plus pessimiste ; on se console avec les seconds rôles de qualité : Souplex, Oury, Crémieux, Lannes et les autres.

mardi 5 février 2013

Maintenant, elle va marcher beaucoup moins bien, forcément !



C'est peut-être l'une des scènes les plus célèbres du cinéma français. Louis de Funès, au volant de sa grosse et puissante Rolls-Royce pulvérisant en quelques secondes la Citroën 2 CV du brave Bourvil qui partait en vacances faire toute l'Italie. Une destruction tragi-comique qui n'est pas seule dans l'oeuvre de Gérard Oury.

Je me suis aperçu, le sourire en coin, que le metteur en scène s'est amusé à maltraiter l'automobile dans une grande partie de ses films - la Cadillac du Corniaud (1965) n'est d'ailleurs pas beaucoup plus épargnée que la 2 CV, si ce n'est qu'elle reste en état de rouler, pas moins que la Jaguar de Saroyan, mise hors d'usage par quelques vulgaires morceaux de sucre. Dans La grande vadrouille (1966), son film suivant, Gérard Oury ruine le parc automobile de la Kommandantur et esquinte des motos allemandes avec des citrouilles !



Dans Le cerveau (1968), la marque Citroën en reprend pour son grade puisque la fameuse DS est coupée en deux par un Jean-Paul Belmondo fou du volant qui s'amuse à déclarer à Bourvil Il te plait pas mon coupé ? Point de voitures dans La folie des grandeurs (1971) mais des carrosses ! Et Blaze/Yves Montand l'avait bien dit Il a pas l'air comme ça, mais il n'est pas très solide ce carrosse. Avec son aide, il est même percé et son illustre occupant se retrouve vidé, à la merci du peuple !

Les aventures de Rabbi Jacob, deux ans plus tard, marquent les débuts des voitures volantes, du taxi de Marcel Dalio porté à bout de bras pour dépasser un embouteillage à la DS de Victor Pivert, déviée vers un étang par un conducteur inattentif. Mais cela ne suffit pas à Gérard Oury qui s'offre à nouveau le luxe de faire explorer en route une voiture restée accrochée à une pompe à essence.



Dans La carapate (1978), Gérard Oury poursuit ses carambolages avec un gigantesque accident de la circulation sur la route causé par ... une femme qui se déshabille ! Plus fort encore, Pierre Richard est assis sur un siège éjectable - c'est le cas de le dire - d'une voiture conduite à toute allure par Victor Lanoux. Le même Pierre Richard qui réitère la frayeur de son prédécesseur Pivert dans Le coup du parapluie (1980) lorsque sa voiture (avec Gérard Jugnot au volant) quitte la chaussée pour dévaler une longue pente et s'arrêter sur une plage !

De là à penser que Gérard Oury en avait après les voitures, il n'y a qu'à un pas ... ou plutôt qu'une vitesse !

mercredi 12 décembre 2012

"DU GUESCLIN" (de Bernard de Latour, 1949)



En quelques mots : Enfant turbulent, fils d'une petite noblesse bretonne, Bertrand Du Guesclin brille par son aptitude au combat. Vainqueur d'un tournoi où il défait de nombreux chevaliers, il devient un combattant de renom. Au service du Roi de France Charles V, il est fait connétable et décide aux destinées de l'armée royale.

A trop regarder des films, on prend un jour l'assurance de pouvoir en réaliser un - du moins on en rêve secrètement. Et comme les idées coûtent moins chères que les tournages, j'ai développé avec les années plusieurs rêveries : réaliser une vie de Hector Berlioz (d'où peut-être ma déception en regardant La symphonie fantastique), une adaptation de Michel Strogoff (elle aussi assez décevante dans sa version de 1956) et une vie de Bertrand Du Guesclin que j'avais intitulée « Le Dogue Noir ». Acclamé ou méprisé, le connétable de Charles V ne laisse pas indifférent et fait figure aujourd'hui encore de référence quand on évoque les grands noms de la chevalerie française. Longtemps j'ai voulu voir ce film de Bernard de Latour, dont certaines scènes ont été tournées à Dinan (Côtes d'Armor), non loin de chez moi. L'ouverture m'a presque rendu jaloux car dans mon scénario aussi l'action débutait à la basilique Saint-Denis, nécropole des Rois de France où fut inhumé Du Guesclin à sa mort - à la différence que j'ouvrais mon « Dogue Noir » lors des profanations de la Révolution Française, qui n'épargnèrent pas le tombeau du Connétable !

Hélas, cette bonne idée passée, le film s'enfonce avec assurance dans le grotesque du carton-pâte y compris ... pour les extérieurs réels ! La vie de Du Guesclin est caricaturée, vidée de toute ambiguïté - celle-là même qui suscite toujours la colère des nationalistes bretons qui n'hésitent pas à faire sauter les statues du Chevalier - et teintée d'un mysticisme de carnaval. Il faut voir Du Guesclin dire, en plein jour, "Regardez ! L'étoile a disparu !". Les poncifs sur la période médiévale s'accumulent aussi rapidement que défile la vie du héros, sans qu'on ne puisse voir une seule bataille - manque de moyens probablement, de volonté sûrement. Il ne faut pas non plus s'attendre à comprendre quoique ce soit au contexte difficile de l'époque puisque les séquences s'enchainent mécaniquement, presque sans logique et se concentrent autour de Du Guesclin et de son fidèle compagnon. On ne peut s'empêcher de sourire en les voyant se battre à deux, dos au mur, et lancer des coups d'épée sur des adversaires qui tombent comme si on soufflait dessus. Ainsi des grandes étapes de la vie du Connétable, n'espérons pas comprendre ce qu'il part faire en Espagne et comment il a pu devenir le chef des armées royales.



Hélas vraiment, car l'interprétation est de qualité et sauve le film du naufrage. Fernand Gravey apporte beaucoup de crédibilité à son personnage et peut ressembler à l'idée que l'on se fait de Du Guesclin, froid, spadassin et presque analphabète. Gérard Oury campe un sobre Charles V de France, tout comme Junie Astor en Tiphaine et Gisèle Casadesus en Jeanne de Penthièvre. Noël Roquevert n'est pas à sa place dans le rôle du fidèle compagnon et fait beaucoup pour rendre le film involontairement comique (tout comme Howard Vernon en Duc de Lancastre), à la différence d'un jeune Louis de Funès que l'on s'amuse à retrouver dans plusieurs petits rôles ! De quoi, égoïstement, me rendre heureux de penser qu'on est loin du grand film que l'on pourrait consacrer au plus célèbre des Connétables de France.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...