mardi 31 décembre 2013

Joyeux anniversaire Suzy Delair !



C'est toujours un immense plaisir de fêter l'anniversaire d'une idole toujours vivante, qui plus est adorée sur le blog L'âge d'or du cinéma français ! Suzy Delair fête aujourd'hui ses 96 ans !

Très joyeux anniversaire chère Suzy !

dimanche 29 décembre 2013

"PONTCARRAL, COLONEL D'EMPIRE" (de Jean Delannoy, 1942)

En quelques mots : Quelques semaines après la chute de Napoléon Ier, Pierre Pontcarral, un colonel fidèle à l'empereur sème la zizanie dans son petit village du Périgord. Des années plus tard, rien n'a changé ; Pontcarral voue toujours un culte à l'empereur, désormais mort, et attend le jour où il pourra à nouveau servir la France. Solitaire et acariâtre, il se rapproche pourtant des deux filles de son pire ennemi royaliste.

Pontcarral colonel d'empire, réalisé en pleine Occupation par Jean Delannoy, est une sorte de film légendaire. Il contribua largement à asseoir un peu plus la réputation du metteur en scène et de son acteur vedette, rencontra un immense succès populaire et on peut lire encore ça et là qu'il fut un film courageux, peut-être un des premiers films de Résistance. En outre, Pontcarral fut sélectionné par les autorités françaises pour être diffusé en Allemagne occupée après 1945. Aujourd'hui, cette bleuette historique paraît oubliée et reste quasi invisible puisqu'elle n'a jamais été éditée en DVD et que les rares possesseurs de la VHS originale chez René Chateau la vendent à prix d'or. Je dois le visionnage de ce film à la gentillesse d'un collectionneur passionné de cinéma français qui a bien voulu me faire une copie. Du reste, j'attendais beaucoup des aventures de ce colonel d'empire et, je dois bien l'avouer, j'ai été déçu.



Passée la formidable ouverture où Pierre Blanchar, maniant adroitement pistolets et sabres et jurant de chambouler comme il se doit la récente glorification de l'ancienne monarchie retrouvée, se rue sur un traître qui a oublié qu'il doit tout à l'empereur déchu, le scénario - adapté d'un roman d'Albert Cahuet de 1937 - se complaît dans une suite d'aventures amoureuses datées, théâtralement interprétées par Annie Ducaux et Suzy Carrier, où le colonel Pontcarral, fidèle bonapartiste se fend de rester droit dans ses bottes face au nouveau pouvoir qu'il juge illégitime. Les deux heures du film paraissent bien longues dans la dernière partie et le dénouement abrupte n'arrange rien. Pire, avec un tel montage, il rend l'intérêt général presque vain.



Si Pontcarral, colonel d'empire n'est pas totalement déplaisant à suivre, il le doit à la mise en scène efficace de Jean Delannoy et aux prestations des acteurs : outre Pierre Blanchar que j'adore, dans un rôle sur-mesure qui annonce un peu sa prestation du Bossu (Delannoy, 1944), notons les apparitions typiques d'Alexandre Rignault dans un rôle de félon qui lui sied bien, Charles Granval en digne marquis royaliste, Simone Valère dans un petit rôle d'aristocrate ou de Marcel Delaître en Austerlitz, fidèle compagnon et serviteur du colonel d'empire.

Reste la question du film Résistant. Dans une interview radiophonique des années 1950, Jean Delannoy affirmait que le film tentait "d'exalter certaines vertus qui n'étaient pas en faveur à cette époque là". De fait, le film fut censuré en partie et l'occupant supprima certains dialogues (rétablis à la Libération) tels que cette phrase de Louis-Philippe Ier : "Il est temps de sortir la France de ses humiliations, de rendre à son drapeau, le nôtre, un peu de gloire". Pontcarral fut l'un des plus grands succès cinématographiques de l'Occupation et certains publics applaudissaient lorsque Pierre Blanchar passait la trouve en revue ou se targuait de sa rébellion face au régime en place. Et pourtant ... la comparaison avec des titres tels que Les chouans (Calef, 1946) s'arrête là. Le prétexte historique, métaphore de l'actualité, utilisé dans le film de Henri Calef, n'est compréhensible pour Pontcarral qu'à posteriori et peut tout à fait s'appréhender dans l'autre sens ! Les vertus du courage, de la virilité (quand Pierre Blanchar déclame "Vous êtes ma femme ! Vous faites ce que je veux !"), la glorification du passé magnifique de la France étaient des thèmes inhérents à la Révolution Nationale de Vichy. Du reste, le film fut en partie financé par le ministère de l'information et projeté comme film de propagande. De quoi facilement remettre en question la légende dorée d'un film qui, décidément, n'a pas fini d'intriguer.

lundi 23 décembre 2013

Bon anniversaire à ... Julien Carette (1897-1966)

Avec sa gouaille parisienne et son élégance qui pouvaient lui faire incarner tous les rôles, Julien Carette fut sans conteste l'un des meilleurs seconds rôles du cinéma français, de l'entre deux guerres jusqu'au début des années 1960.



Carette fut l'un de ceux pour qui l'arrivée du parlant changea tout : sa voix populaire contribua à ses engagements au théâtre, puis au cinéma. On le retrouve aux seconds plans des Gaités de l'escadron (Tourneur, 1932), de Je te confie ma femme (Guissart, 1933), de Ferdinand le noceur (Sti, 1934) ou de Marinella (Caron 1937). Avec Jean Renoir, il s'impose comme un second rôle incontournable : il est l'acteur jovial et malicieux de La Grande Illusion (1937), un révolutionnaire de La Marseillaise (1938), l'ami cheminot de Jean Gabin dans La Bête humaine (1938), le braconnier coureur de La Règle du jeu (1939). Il tourne encore pendant la guerre, trouvant même un premier rôle dans l'étonnante Croisière Sidérale (Zwobada, 1942). On le retrouve encore après la guerre dans d'excellents rôles auprès des plus grandes vedettes : comme domestique dans Sylvie et le fantôme (Autant-Lara, 1946), en vendeur des Portes de la nuit (Carné, 1946), en voyageur de commerce tragi-comique d'Une si jolie petite plage (Allégret, 1948), en ivrogne dans La Marie du port (Carné, 1949), en aubergiste cruel dans L'auberge rouge (Autant-Lara, 1951). Chaque apparition est un florilège de son talent et il serait difficile de tout citer puisqu'il participa à près d'une centaine de films. L'âge d'or du Cinéma Français revient régulièrement sur ses interprétations au cinéma et ce n'est pas prêt de s'arrêter !

Né le 23 décembre 1897 à Paris, Julien Carette aurait fêté aujourd'hui ses 116 ans !

dimanche 22 décembre 2013

Décès de Jacques Besnard (1929-2013)

J'apprends, avec plus d'un mois de retard, la disparition discrète du réalisateur Jacques Besnard qui trouve sa petite postérité cinématographique parce qu'il réalisa en 1967 Le Grand restaurant, avec Louis de Funès en tête d'affiche. On sait par nombre de témoignages et de biographies de l'acteur que le réalisateur fut un technicien au service de la vedette comique, qui improvisait sans cesse avec génie. Toutefois, le film reste très honnêtement mis en scène. Difficile d'en dire autant du Fou du labo 4 (1967), de La situation est grave ... mais pas désespéré (1975) ou du Jour de gloire (1976), nanars pourtant pimentés par les présences talentueuses de Michel Serrault, Pierre Brasseur, Bernard Blier ou Michel Galabru. Reste C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule (1974), pas plus reluisant du reste, mais que j'aime infiniment, pour les dialogues et le jeu exagéré des acteurs.


mercredi 18 décembre 2013

Bon anniversaire à ... Raimu (1883-1946)

En marge du centième anniversaire de la naissance de Jean Marais et du cent-dixième de Fernandel, il ne faudrait pas oublier le souvenir d'un autre acteur qui marqua à jamais le cinéma français, Jules Muraire dit... Raimu.



Bref sociétaire de la Comédie Française où Marcel Pagnol considérait qu'il avait renoncé à toute ambition, Raimu fut l'acteur d'une cinquantaine de films de l'entre deux guerres, dont beaucoup restent inscrits dans la mémoire du public : ses personnages, à son image, sont souvent démesurés, hors normes et intemporels, des Gaietés de l'escadron (Tourneur, 1932) où il incarne le fameux capitaine Hurluret, à Tartarin de Tarascon (Bernard, 1934 dialogué par Pagnol) en passant par L'étrange Monsieur Victor (Grémillon, 1938), Les inconnus dans la maison (Decoin, 1942) et son personnage d'avocat alcoolique, Monsieur la souris (Decombe, 1942), Le colonel Chabert (Le Hénaff, 1943) ou L'homme au chapeau rond (Billon, 1946).

Mais il y a fort à parier que Raimu reste pour beaucoup l'homme qui fit chanter les dialogues de son ami Marcel Pagnol, avec un accent signature presque patrimoine immatériel du sud de la France. Il fut son interprète fétiche, à travers la trilogie marseillaise : Marius (Korda, 1931), Fanny (Allégret, 1932) et César (Pagnol, 1936) où il composa l'un des personnages les plus emblématiques de sa carrière, et même du cinéma français. A l'image des ouailles de Michel Audiard dans les années 1950 et 1960, Raimu ne manquait pas de verve et servait des dialogues tels que "Quand on fera danser les couillons, tu ne seras pas à l'orchestre !" et rendait légendaire, par son intonation, une phrase banale ("Tu me fends le coeur !"). De même, il fut l'un des plus célèbres interprètes de La femme du boulanger (Pagnol, 1938) et de La fille du puisatier (Pagnol, 1940). Adulé du public et du métier de son vivant, Raimu continue d'inspirer aujourd'hui, presque soixante-dix ans après sa mort, survenue par un coquin de sort au sortir de la guerre, lors d'une banale intervention chirurgicale.


Né le 18 décembre 1883 à Toulon, Raimu aurait fêté aujourd'hui ses 130 ans !

jeudi 12 décembre 2013

"LES VIOLENTS" (de Henri Calef, 1957)

En quelques mots : A Honfleur, une épouvantable sensation de mystère entoure les membres d'une même famille : un riche banquier et son cousin éclusier reçoivent des petits cercueils au courrier et se pensent persécutés par un certain Edgar. Lorsque le premier est assassiné dans son bureau, chacun se demande qui sera le prochain.

Les violents est un des derniers films réalisés pour le cinéma par Henri Calef, l'excellent metteur en scène de Jericho (1946), des Chouans (1947), de La maison sous la mer (1947) et des Eaux troubles (1949). Fidèle à ses envies, il place l'action de son film en Normandie, dans le petit port de Honfleur. Réputé pour sa beauté, il est ici constamment filmé de nuit, noyé dans le brouillard et dans une atmosphère pesante. Comme dans la plupart de ses films, Henri Calef soigne particulièrement l'ouverture, digne des meilleurs films noirs du cinéma français : la nuit, un éclusier au travail qui aperçoit une ombre derrière lui, quelques bruits. Des silences. Des regards angoissés et une superbe partition de Marcel Landowski nous font penser qu'il sera difficile de décrocher avant la dernière minute ; un caractère inéluctable qui était, du reste, l'argument commercial du film à sa sortie. Hélas, si la première demi-heure est réellement intéressante et intrigante, l'arrivée de Paul Meurisse - originellement une ombre mystérieuse - et la succession inexpliquée d'événements, rendent le scénario incompréhensible pendant l'heure suivante. Le dénouement lève une grande part du mystère, certes, mais se calibre dans une décevant banalité et ne parvient pas à faire oublier les invraisemblances.



Pourtant, il y a quelque chose de fascinant dans Les violents. L'interprétation est de haute volée, comme toujours chez Henri Calef, avec Fernand Ledoux, l'un des plus grands acteurs du cinéma français (qui termina d'ailleurs sa vie à côté de Honfleur), et Paul Meurisse en tête d'affiche, une très jolie Françoise Fabian et les impeccables Jean Brochard et René Havard. Junie Astor, quant à elle, n'est qu'une comparse sans relief, hélas. Filmée dans le dyaliscope de la fin des années 1950, cette enquête policière est à découvrir pour l'incroyable sensation de malaise qui se dégage des plans larges, mélange de moiteur et d'épouvante, où on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.


mercredi 11 décembre 2013

"JEUNES FILLES EN DÉTRESSE" (de Georg Wilhelm Pabst, 1939)



En quelques mots : Jacqueline est la fille délaissée d'un célèbre avocat, spécialisé dans les procédures de divorces, et d'une docteur de grande réputation. Envoyée dans une pension pour jeunes filles, elle se lie d'amitié avec la gentille Margot et découvre avec peine que la plupart de ses amies sont des enfants de divorcés. Elle décide alors de créer une Ligue contre la séparation des parents.

Un internaute m'a gentiment fait remarquer récemment que L'âge d'or du Cinéma Français n'évoquait pas assez la jolie Jacqueline Delubac. Il est vrai que je n'ai chroniqué que Bonne Chance ! (Guitry, 1935) et c'est avec un grand plaisir que j'ai découvert Jeunes filles en détresse, sympathique comédie réalisée par l'exilé Georg Wilhelm Pabst à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Et, si elle montre avec un peu d'humour la sclérose de société bourgeoisie des années 1930, le film reste étonnamment moderne sur le fond. Ces jeunes filles malheureuses et délaissées par leurs parents, éloignés, décident de parer à la fatalité et fondent une Ligue Contre le Divorce des Parents qu'elles présentent au ministre de la justice. Cette dernière séquence, très bien écrite, explique avec pédagogie qu'une loi est faite avant tout pour ceux qui ne veulent pas la respecter, que la meilleure des lois va de soi et qu'elle n'a pas à être édictée. L'ensemble est hélas un peu bancal car empêtré dans une mise en scène classique, des situations datées où l'on cherche les quelques bonnes scènes. L'une d'entre elles notamment, la grande réunion des parents et des enfants, commentée par Louise Carletti, est un régal d'humour sardonique où les papas et les mamans continuent à se déchirer au dessus de leurs filles, des nouveaux couples devisent comme si tout était normal et la directrice de l'institution de conclure que, décidément, tout ceci est charmant et respire le bonheur. L'ensemble reste tout à fait sympathique, malgré les ressors dramatiques éculés.



Le film doit beaucoup à son interprétation. Chez les adultes, André Luguet et Marcelle Chantal forment un couple bourgeois intéressant, désireux de placer leur fille en pension malgré l'amour qu'ils lui porte. Marguerite Moreno, à son aise, interprète la directrice de la pension et manque de finir dans une piscine ! Pierre Bertin est un sympathique greffier et Jacqueline Delubac, gracieuse, est la belle actrice, maîtresse sensuelle et mère attentive. Chez les jeunes filles, deux gamines prometteuses : Micheline Chassagne devenue Micheline Presle (du nom de son personnage !) et Louise Carletti, la bonne copine dont tout le monde rêve. Elles insufflent au film un peu de fraîcheur, accompagnées d'une jolie bande.


Cent ans avec Jean Marais (1913-2013) !



D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être Jean Marais. Quand d'autres se rêvaient pompiers, joueurs de football, rappeurs et se languissaient à découvrir les nouvelles aventures de Bruce Willis et Kevin Costner sur les écrans, je ne rêvais qu'à devenir un énigmatique bossu dans le Paris de la Régence, un aventurier de haut vol à la poursuite d'un bandit au masque vert, un noble chevalier au service des dames et du Roi de France, une Bête au lourd secret dans un château maléfique. Le sourire en coin, le regard comme atout majeur, la carrure d'un athlète, bondissant de créneaux en chevaux, une épée à la main. Assis à une table de collégien, je ne voyais derrière le tableau noir que les ombres gigantesques de Jean Marais, mon héros, ferraillant contre dix, le cœur vaillant.

Si j'admirais par dessus tout Fernandel, Bourvil et Louis de Funès, les idoles logiques des rires de nos jeunesses cinéphiles, c'est à Jean Marais que je voulais ressembler, quitte à m'obstiner dans la fabrication d'épées en bois, dans une volonté à monter des chevaux ou à vivre dans un passé glorieux, où tout se réglait avec un peu de panache - je dois ainsi probablement une partie de mes études historiques à Jean Marais. Dès lors, je n'ai eu de cesse de voir les tous les films que je pouvais trouver, de me rendre sur les lieux qui pourraient me rendre quelques bribes souriantes de mon enfance héroïque, d'acheter les livres pour continuer le rêve. Aujourd'hui, j'ai une vision idéale d'un Jean Marais qui, à l'image de Bourvil, apparaît dans une postérité sans tares, emprunte de pureté, sans défauts. Personne n'a jamais critiqué l'homme ; à peine l'acteur. Jean Marais fut un être bon, chaleureux, souriant, dévoreur d'une vie qu'il voyait chaque jour comme un cadeau, protecteur bienveillant de l'oeuvre de Jean Cocteau, à qui il devait presque tout. Charmeur, cavaleur, cascadeur, il fut, si l'on en croit les nombreux témoins de sa vie, un être parfait, beau et bon, le sourire permanent pour se rappeler que la vie est belle et qu'on peut la vivre en tant que telle. Il eut le courage de ses idées, de ses amours. Dans une préface à un livre de Henry-Jean Servat, Mylène Demongeot, sa partenaire des Fantômas (Hunebelle) se souvenait d'une anecdote : assis tous deux dans une voiture travelling au milieu de Paris, Jean Marais fut pris à parti par un homme visiblement agacé contre lui, qui lui cracha au visage en le traitant de sale pédé. Loin de chercher l'affrontement, Marais se retourna vers sa partenaire, en s'essuyant le visage, avant de terminer par un "Tu vois ... ce n'est pas toujours facile."

Jean Marais savait se montrer joyeux, emporté. Ainsi, quand j'ai demandé à la comédienne Dominique Blanchar si elle avait un souvenir lié à son ami Jean Marais, avec qui elle tourna Le secret de Mayerling (Delannoy) en 1949, elle déclara que c'était un homme extraordinaire avant d'ajouter : "J'étais jeune, il m'invita à dîner après le film que nous venions de tourner et me déclara qu'il aurait voulu m'épouser, qu'il m'aurait emmené à Venise ... mais qu'il aurait surement regardé le gondolier !"



Farceur ou dramatique, Jean Marais disait se foutre de la postérité, que seule comptait celle de Jean Cocteau. Aujourd'hui, il y a exactement cent ans, Jean Villain-Marais venait au monde, dans une Europe qui s'apprêtait à connaître un premier conflit mondial des plus meurtriers. Avec les bonnes étoiles de sa naissance, un 11/12/13, son culot et son grand talent, il fut l'un des acteurs les plus emblématiques du cinéma français, l'un de ceux les plus appréciés du public. Que l'on se plaise à préférer sa période poétique, sous l'égide de son Pygmalion, ou ses aventures de capes et d'épées, on ne reste pas insensible à Jean Marais. Des années après sa mort, je suis certain que des centaines de petits garçons rêvent encore, comme moi, à ce héros si populaire, cet homme que l'on peut avoir comme modèle.

Alors qu'il jouait Le Cid au théâtre, à Paris, une alerte à la bombe obligea l'ensemble des occupants du théâtre à évacuer. Jean Marais resta seul, dans sa loge, à lire. Francis Huster se hâta à ses côtés pour le faire sortir au plus vite mais le vieil acteur, toujours malicieux, lui répondit "Que veux tu qu'il m'arrive ?". Rien ne pouvait atteindre Jean Marais. A présent mort, il est immortel.

mardi 10 décembre 2013

Sur les traces de Jean Marais à Vallauris (06)

Vallauris reste pour beaucoup la ville des potiers même si, en témoignent des habitants, elle a beaucoup changé ses dernières années, laissant apparaître ça et là d'affreuses constructions bétonnées qui dévisagent le centre ville. Au milieu de ce fracas, les visiteurs peuvent toutefois se rappeler à l'heureux souvenir de Jean Marais, qui termina sa vie enchantée sous le soleil de la Côte d'Azur.



L'atelier de Jean Marais est aujourd'hui un espace dédié, à l'accès libre, gratuit pour tous. Les visiteurs peuvent y apprécier des sculptures, poteries et peintures de l'acteur-artiste, ainsi qu'une petite salle rappelant sa formidable épopée cinématographique. Au milieu d'affiches d'époque et de photographies sort, majestueux, le costume grandeur nature de la Bête. Les photos, hélas, sont interdites.



Tout ce petit quartier lui semble dédié : une sculpture orne un parterre au milieu du carrefour, les têtes de lion si reconnaissables surgissent le long de l'atelier-musée et les plus obsessionnels prendront même un dernier plaisir à se garer sur ... le Parking Jean Marais (pas très cher, du reste).



Jean Marais repose depuis 1998 dans le petit cimetière qui surplombe Vallauris. Sa tombe n'en est pas moins reconnaissable entres toutes, comme sortie de la poésie fantastique d'un film de Jean Cocteau.



Une créature fantastique et trois têtes de lions protègent Jean Marais dans son éternité. La tombe dénote au milieu de ce cimetière sans atours particuliers. Impressionnante et magique, elle permet de poursuivre encore le rêve à jamais lié au destin de celui qui fut un si bel Orphée.





lundi 9 décembre 2013

Sur les traces de Maurice Chevalier à Marnes-la-Coquette (92)

J'inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique simplement intitulée Mémoire. Tous les cinéphiles et probablement une grande partie des visiteurs de ce blog la font vivre chaque jour en regardant des films, publiant des articles, éditant des DVD, achetant des vieux magazines ou en se rendant sur des lieux chargés d'un passé cinématographique ou nostalgique.



C'est à une première visite que je vous invite aujourd'hui et je suis convaincu que vous avez été nombreux à la faire avant moi. Lorsque je me rends à Versailles admirer les grandeurs lointaines de notre beau pays, je ne manque jamais de faire un petit crochet par Marnes-la-Coquette, charmant petit village des Hauts-de-Seine où Maurice Chevalier possédait sa fameuse demeure, La Louque, ainsi nommée en hommage à sa mère adorée. Et comme Victor Hugo à qui, jadis, on pouvait écrire en sa rue, c'est dans une allée portant le nom de l'illustre artiste que je m'engouffre.



La Louque est une imposante bâtisse au milieu de la rue Maurice Chevalier, la plupart du temps fermée, encore qu'on pouvait parfois avoir la chance d'y pénétrer il y a peu. Aujourd'hui, la maison est à vendre pour un peu moins de dix millions d'euros.



Enfin, un petit détour par le cimetière de Marnes-la-Coquette permet d'admirer l'imposante dernière demeure de Maurice Chevalier où l'artisan de France, comme il est inscrit sur la pierre tombale, repose aux côtés de sa mère depuis 1972.
Photos personnelles

Documents : Maurice Chevalier

Ce lundi 9 décembre, une grande partie de la collection privée de la célèbre Louque de Maurice Chevalier, sa maison à Marnes-la-Coquette, est dispersée aux enchères à l'hôtel Drouot. Ainsi la maison qui était restée inchangée depuis 1972 va perdre un peu de sa valeur sentimentale - pour de tristes raisons financières, comme souvent. Pour évoquer avec vous le souvenir de Maurice de Paris, je vous propose cette fiche que les cinéphiles connaissent bien, issue des Portraits de Stars : Encyclopédie du Cinéma.


dimanche 8 décembre 2013

Décès de Mado Maurin (1915-2013)



Presque centenaire, nous apprenons le décès de la comédienne Mado Maurin, apparue dans quelques films des années 1970 et 1980, dont Je sais rien mais je dirai tout (Richard, 1973) où elle incarne une femme qui attend depuis des années à la sécurité sociale - photo ci-dessus -, La femme flic (Boisset, 1979), Un mauvais fils (Sautet, 1980) ou Les misérables (Hossein, 1982). Depuis plusieurs années, outre une activité théâtrale aux côtés de son ami Laurent Baffie, elle consacrait beaucoup de son temps à évoquer la mémoire de son fils, Patrick Dewaere.

Décès de Edouard Molinaro (1928-2013)



J'évoquais avec tristesse il y a quelques jours, lors du décès de Georges Lautner, la triste réalité du titre de cette rubrique, Série Noire. Le destin me rattrape à nouveau, et c'est quelques heures après m'être penché sur la tombe du réalisateur des Tontons flingueurs (1963) à Nice que j'ai appris la disparition de Edouard Molinaro. A croire que tous les grands faiseurs du cinéma français encore en vie vont tous nous laisser seuls à quelques semaines d'intervalles.

J'ai un peu honte d'avouer que, longtemps, le nom de Edouard Molinaro est resté sans visage, puis sans référence cinématographique précise, à l'instar d'un Claude Zidi que je dois toujours considérer comme un bon artisan chez qui il ne faut rien attendre de génial, sinon un honnête divertissement. Mon premier souvenir d'enfance lié au réalisateur disparu remonte à Mon oncle Benjamin (1969), que mon père adore et que nous avions sur une vieille VHS. Le film n'a pas vieilli et j'évoquais il y a quelques temps sa récente sortie en Blu-ray haute définition. Puis ce fut mon ère de Funès, avec Oscar (1967) et Hibernatus (1969), deux comédies très enlevées reposant (presque) entièrement sur le génie comique de son principal interprète. Les cinéphiles connaissent les anecdotes par cœur : Molinaro ne riant pas aux gags de son acteur vedette fit venir un "public" de techniciens pour tourner la grande scène du téléphone ; Claude Rich coléreux face aux remontrances de la star sur ce que faisait Guy Bertil ... Suivirent L'emmerdeur (1973), La cage aux folles (1978), A gauche en sortant de l'ascenseur (1988), d'élégantes adaptations théâtrales très vives, préfigurant (et pour cause !) la future recette des succès d'un certain Francis Veber. Les découvertes du Souper (1992) et de Beaumarchais, l'insolent (1996) furent de très bonnes surprises et j'utilise encore aujourd'hui le dernier film de Edouard Molinaro dans mes cours sur l'Europe des Lumières.

J'ai entendu l'interprète de Beaumarchais, Fabrice Luchini, évoquer l'amour de Molinaro pour ses acteurs. Sur Facebook, Christian Rauth a rendu hommage à sa façon au réalisateur : "J'ai eu le plaisir de travailler sous sa direction, quand en manque de boulot (Eh oui! Le réalisateur de l'Emmerdeur ne bossait plus au cinéma, tout comme Georges Lautner... ) Edouard était venu réaliser des épisodes de Navarro. Un homme d'une grande modestie, d'une grande gentillesse et extrêmement attentif aux travail des acteurs qu'il aimait sincèrement. Pas d'esbroufe, pas de posture, juste l'amour du métier."

A l'image d'un film que j'adore absolument, Pour cent briques t'as plus rien (1982), le cinéma d'Edouard Molinaro semble donc être entièrement dévoué à ses interprètes et de fait, lorsque l'on tourne avec des grandes stars comme lui, aux seconds rôles. Loin des affres de la Nouvelle Vague, Molinaro fut un cinéaste à l'ancienne, classique, offrant la part belle aux acteurs de l'ombre, quitte à en faire aux premiers. Hibernatus est un exemple réussi, et presque unique dans la seconde partie de la carrière de Louis de Funès, où la star comique n'est plus qu'un comparse, un élément de bande autour de son fils, Claude Gensac, Yves Vincent, Paul Preboist ou Bernard Alane. On retrouve cette sensation, de manière plus prononcée, dans Beaumarchais l'insolent ou Mon oncle Benjamin. C'est probablement pour cette raison que les cinéphiles amoureux du cinéma français pleurent aujourd'hui encore la disparition d'un grand nom, populaire, dont il reste à redécouvrir beaucoup de pépites, notamment dans ses premiers films, plus dramatiques. Je ne connais pas grand chose de cette première période et regrette amèrement de m'y intéresser en forme d'hommage posthume.


lundi 2 décembre 2013

Documents : Lady Paname (1950)

Pour compléter mon article sur la seule réalisation de Henri Jeanson, Lady Paname (1950), voici la couverture et la quatrième d'un document d'époque, bien connu des cinéphiles collectionneurs, le magazine Mon Film, numéro 216, du 11 octobre 1950.


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