mardi 29 janvier 2013

"LA GROSSE CAISSE" (de Alex Joffé, 1965)



En quelques mots : Louis Bourdin est poinçonneur dans le métro parisien et écrivain à ses heures perdues. Il vient d'achever son premier roman policier, une histoire de braquage dans le métro, et fait part à qui veut l'entendre de son futur succès en librairie. Hélas, son manuscrit est refusé par toutes les maisons d'édition. Il décide alors de le vendre à des gangsters.

Dans une interview télévisée de 1965, le réalisateur Alex Joffé déclarait, non sans humour, à propos de son nouveau film La grosse caisse s'être demandé Est-ce que je vends le scénario à un producteur ou est-ce que je fais le coup moi-même ? avant d'ajouter que c'était plus facile quand même de faire le film ! Et probablement plus rentable, si l'on devait ajouter un argument intéressant. Sur cet axiome, Joffé brode sur-mesure une gentille comédie pour son acteur fétiche, Bourvil, idéal en faux benêt, jouet d'un bandit gentleman dont on ne pourrait imaginer qu'il ne soit pas interprété par Paul Meurisse, gants blancs et diction aristocratique en toutes circonstances. A leurs côtés, des seconds rôles de talent : Roger Carel en chef de station, Daniel Ceccaldi en employé faux-jeton, Tsilla Chelton en marchande de journaux, le jeune Pierre Vernier en policier, Jacques Legras en facteur aux bonnes idées, Dominique Zardi en truand (tiens donc !) et la jolie Françoise Deldick dans un de ses plus grands rôles à l'écran.

Si elle n'est pas dénuée de quelques petites longueurs, cette comédie permet de sourire à des références savoureuses à la littérature (Fleming, Simenon), au théâtre (Bourvil cite La bonne planque pour désigner le train qui récolte l'argent du métro) et même à la chanson française, l'acteur comique sifflotant nonchalamment le célèbre air pathétique d'un poinçonneur lassé de faire des p'tits trous à longueur de journée. Trois ans avant le film de Gérard Oury, Bourvil était donc déjà Le Cerveau d'un tout autre casse, aussi rentable.


lundi 28 janvier 2013

Décès de l'acteur Bernard Dhéran (1926-2013)



Avec sa belle allure, sa voix grave aux accents aristocratiques et ses yeux malicieux mis en valeur par un jeu de sourcils rare, Bernard Dhéran était taillé pour incarner des personnages de l'élite, souvent des nobles et des grands bourgeois racés : on le retrouve ainsi en chevalier face à Jean Marais dans Le capitaine Fracasse (P. Gaspard-Huit, 1961), en magistrat dans Le comte de Monte-Cristo (C. Autant-Lara, 1961), Les bons vivants (G. Lautner, 1965), Rue des prairies (La Patellière, 1959), en assureur cavalier face à Fernandel et Danielle Darrieux dans L'homme à la buick (G. Grangier, 1968) ou en militaire prisonnier du château dans On a retrouvé la 7ème compagnie (R. Lamoureux, 1975). Il fut aussi Voltaire chez Sacha Guitry (Si Paris nous était conté, 1956). Second rôle de grande qualité, sociétaire de la Comédie Française, il était aussi un grand acteur de doublage. Son sourire en coin et sa voix chaude nous manqueront !

On ne s'évade pas, on défile ! (Bernard Dhéran dans On a retrouvé la 7ème compagnie, 1975)

Les débuts à l'écran de ... Louis de Funès !



L'occasion d'un hommage à Louis de Funès s'y prête bien, voici donc sa participation à la rubrique Les débuts à l'écran de ... Force est de reconnaître que l'acteur comique fut avant tout un grand second rôle du cinéma français dans les années 1950. Dans La Tentation de Barbizon (J. Stelli, 1946), il apparaît pour la première fois à l'écran face à l'un des seconds rôles les plus marquants de son époque, Pierre Larquey, dans un petit rôle de portier. Il y prononce deux phrases, Par ici Monsieur puis Il a son compte celui-là aujourd'hui. Je ne peux m'empêcher de préciser que pour le début de sa carrière cinématographique, Louis de Funès ouvre la porte d'un lieu appelé ... le Paradis ! Doit-on y voir un signe ?


dimanche 27 janvier 2013

30 ans avec Louis de Funès !

Voilà déjà trois décennies que Louis de Funès, le comique le plus célèbre des années 1960 et 1970 s'est éteint - nous fêtons ce triste anniversaire aujourd'hui jour pour jour. Et pourtant, jamais celui qui fut à l'écran les légendaires Cruchot, Don Salluste, Juve ou Monsieur Septime, n'a été aussi présent sur nos (petits) écrans et dans nos librairies. Il existe pléthore de livres biographiques, d'analyses ou de compilations des meilleurs extraits de films, et il en sort encore souvent. Pas une année sans qu'une chaîne de télévision pense original de lui consacrer une émission, avec des interviews inédites. Pas un mois enfin sans qu'une soirée ne soit ponctuée par une énième rediffusion d'un classique de sa filmographie. Étonnamment, Bourvil et Fernandel ne connaissent pas le même sort malgré de grands films, et le phénomène de Funès fait un peu figure d'argument commercial avant tout. Ainsi le champion du box-office adoré des producteurs est devenu après sa mort le champion de l'audimat.

Louis de Funès fut pendant quelques années de mon adolescence une obsession, une idole dont il fallait collectionner tout ce qui portait sa marque, connaître tous les détails de sa vie, quitte à se rendre comme un pèlerinage dans le village où il possédait son château. A mes débuts sur internet, j'avais même envisagé de créer un site consacré à l'acteur comique, sans suites, faute à une opulence déjà réelle des sites de fans et à l’imbécillité de son fils aîné qui tenta un temps de régenter la communauté des admirateurs de son père. Puis vint le cinéma américain et d'autres idoles, plus viriles, plus laconiques aussi.

Je suis revenu à Louis de Funès avec ma redécouverte du cinéma français, il y a quelques années, en le trouvant ça et là dans des petits rôles. Serge Regourd, dans son excellent ouvrage Les seconds rôles du cinéma français, grandeur et décadence, revient sur le parcours atypique d'un second rôle inimitable qui devint la plus grande star française, et il faut bien reconnaître une qualité aux diverses émissions qui tentent de voir dans la moindre petite apparition l'éclair de son génie : ils ne se trompent pas. L'auteur rappelle, avec toute l'objectivité qui est la sienne, à quel point Funès parvint à éclipser régulièrement les stars avec quelques minutes de présence à l'écran. Dans la seule décennie 1950, il tourna plus encore que Noël Roquevert, enchaînant parfois plus de 15 films dans une seule année ! Quant aux centaines d'expressions de son visage, fait de sa gloire comme de son mépris, il se contente avec justesse d'écrire Quand la charge paraît relever de l'Être et non du Faire, ce n'est plus une charge. Mais du talent. Du reste, que seraient devenus les Homme orchestre, Sur un arbre perché, Soupe aux choux sans la présence de Louis de Funès ?

Michel Galabru ne manque jamais l'occasion de rappeler que Louis de Funès souffrait terriblement des critiques envers ses films ou sa personne, qu'entendre qu'il était un ringard le poussait à vouloir plaire aux cinéphiles exigeants, type Les Cahiers du cinéma, ou même à vouloir tourner avec Polanski. 30 ans après sa mort, les mauvaises langues sont rares et quand bien même elles se fatiguent de sa folie grimaçante, elles reconnaissent toujours, malgré tout, le talent de leur auteur. Louis de Funès continue de s'exporter avec succès en Europe - ce fut même un jour pour moi un efficace moyen de communication avec une polonaise, ravie de se trouver dans le pays du Gendarme !



Je reste donc un inconditionnel de Louis de Funès, en sachant toutefois modérer mon enthousiasme pour des films que je connais par coeur. Peut-être par snobisme, peut-être parce que les comédies américaines de Billy Wilder ou Franck Capra m'ont ouvert d'autres horizons. Toujours est-il que le mot FIN que l'acteur redresse à la fin de Certains l'aiment froide (J. Bastia, 1959) ne lui sied pas bien. A l'image de l'emprunte indélébile qu'il a laissé dans le cinéma français, et qui se perpétue de génération en génération depuis maintenant 30 ans, son personnage ne parvient pas à poser le point sur le i, le met dans sa poche et s'en va dans un plan étonnamment chaplinesque, en arrachant un petit morceau d'éternité à un mot qui n'a pas beaucoup de sens quand on parle de lui.

samedi 26 janvier 2013

"TRICOCHE ET CACOLET" (de Pierre Colombier, 1938)

En quelques mots : Tricoche et Cacolet, deux enquêteurs particuliers prêts à tout pour avoir une nouvelle affaire, s'introduisent dans une soirée mondaine et repèrent un couple de bourgeois. L'homme d'affaires trompe sa femme, et la femme le trompe avec un duc. Chacun de leurs côtés, Tricoche et Cacolet proposent leurs services contre forte rémunération.

Typiquement dans la lignée des Fernandeleries ou Fernandelâneries de l'acteur comique, Tricoche et Cacolet est la dernière collaboration de Fernandel avec le metteur en scène Pierre Colombier (Ignace, Les rois du sport). Jacques Lorcey est peut-être gentil quand il évoque ce film qui se contente d'enchaîner des scènes très théâtrales (où Elvire Popesco s'en donne à coeur joie) avec force de déguisements et de gags éculés. Si Fernandel s'en sort toujours bien dans le cabotinage, qu'il a presque érigé en art, c'est moins le cas de Frédéric Duvallès qui en fait des tonnes (notamment dans une insupportable scène où il incarne un marchand arabisant) ou de Saturnin Fabre jamais à court de sourires en coin ou de grandes effusions comiques. Quant à Jean Weber, de la Comédie Française, on regrette sa prestation du Capitaine Fracasse. Toujours est-il qu'il n'y a pas grand chose à attendre de cette comédie simplette, si ce n'est la rencontre entre Fernandel et Ginette Leclerc, amusante. Réservé uniquement aux inconditionnels de l'acteur qui trouveront plaisir à l'entendre chanter Si je jouais du trombone ... déguisé en Queen's Guard !


vendredi 25 janvier 2013

"LA RÈGLE DU JEU" (de Jean Renoir, 1939)



En quelques mots : Alors qu'il vient de battre des records de vitesse, l'aviateur André Jurieux surprend tout le monde quand il se pose au Bourget en se déclarant triste que la femme qu'il aime ne soit pas là. Celle-ci est l'épouse du riche marquis de la Chesnaye, lequel s'apprête à rejoindre son château à la campagne avec des amis. Grâce à un ami de la famille, l'aviateur s'invite à la fête.

J'étais plus jeune la première fois que j'ai vu La règle du jeu à la télévision et je n'ai pas su saisir les enjeux de cette partie de campagne qui m'avait laissé un petit goût d'ennui malgré un casting intéressant et quelques bonnes situations. Pour tout vous avouer, on m'avait promis un chef d'oeuvre et j'étais bien heureux, du haut de mes premiers pas d'adulte, de pouvoir me détourner de l'avis général en arguant, jusqu'à il y a quelques semaines encore, que le film de Jean Renoir m'avait laissé indifférent. Par malice, et surtout par bêtise, je n'avais jamais revu le film, pour me complaire sans remords dans un souvenir mitigé - on tente toujours de se démarquer des autres comme on peut et dire du mal de l'un des films les plus appréciés de l'Histoire du cinéma me poussait probablement à croire que j'étais un cinéphile underground, un rien anticonformiste mais pourtant sincère. Hormis une réplique fameuse - Mais bon Dieu de bois, on est venu pour chasser, pas pour écrire nos mémoires - que j'essaye de replacer à chaque repas de famille, Renoir acteur m'avait paru cabotin, Toutain fade, Parély folle et Dalio sous-exploité.



L'imposante biographie de Jean Renoir par Pascal Mérigeau (Flammarion, 2012) m'a forcé à revoir mon jugement sur le film. Un nouveau visionnage m'a offert de redécouvrir complètement cette oeuvre forte, et d'en saisir un peu mieux les contours. Je n'avais pas compris à quel point montrer de la bourgeoisie d'avant guerre un visage frivole et désabusé était audacieux quelques semaines avant une le déclenchement d'une guerre avec l'Allemagne - dont on ne pouvait même pas imaginer qu'elle serait éclair. Pas étonnant dès lors de lire les plus virulentes critiques dans la presse de droite de l'époque, mécontente par ailleurs de voir un juif marquis de France marié à une autrichienne.

La règle du jeu, celle que les hommes et femmes en société doivent suivre s'ils ne veulent pas sortir du chemin, est un film crépusculaire, à l'image de la Danse macabre de Saint-Saëns que l'on entend dans le film lors d'une étonnante scène fantomatique. Pourtant joyeux (un drame gai), le film est le dernier tour de piste de l'élite d'une France qui s'éteint, gonflée de l'orgueil d'Austerlitz et de la victoire de 14 qui l'aveuglent d'une terrible défaite à venir. Quand ils choisissent de présenter un petit spectacle à leurs invités, les hôtes, menés par Dalio, chantent d'ailleurs un succès de la fin du XIXe siècle, En revenant de la revue (Gais et contents, nous marchons triomphants, en allant à Longchamp, le coeur à l'aise, sans hésiter, car nous allions fêter, voir et complimenter l'armée française), aux références évidentes au nationalisme boulangiste. De fait, l'aristocratie française des années 1930 est peut-être, pour une part, restée au XIXe siècle et l'heure n'est pas au bilan. Pourtant, il est intéressant de se demander si la persistance de l'Ancien Régime, du nom de l'ouvrage majeur de Arno Meyer sur la prolongation républicaine du pouvoir des élites nobiliaires, ne prend pas fin dans cette insouciance festive suivie de la défaite de 1940. Peu amène avec l'aristocratie dominante, le film n'épargne non plus les domestiques, issus du peuple, qui ne pensent qu'à reproduire les modèles de leurs maîtres, entre hiérarchie, désir d'ascension sociale (Carette veut être domestique pour avoir un uniforme) et extraconjugalité.

Cette fin d'un monde en forme de weekend champêtre ne pouvait séduire le public de 1939, aussi inquiet que l'était pourtant Jean Renoir (le film est réalisé après la conférence de Munich) et peu disposé à suivre les turpitudes amoureuses et sociales (une superbe et cruelle scène de chasse) de privilégiés en Sologne. Après La grande illusion, le public attendait peut-être un film mordant de la part du réalisateur qui prit aussi le risque de se mettre en scène, d'écrire et de produire son film - faits extrêmement rares - ce qui ne manqua pas de déclencher les quolibets d'une partie de la presse à chacune de ses apparitions à l'écran. Ce Jean Renoir que je trouvais mauvais à la première vision m'apparaît aujourd'hui très drôle, avec une voix éraillée superbe, et l'on ne peut s'empêcher d'y voir sa propre représentation (Pascal Mérigeau y revient longuement dans un très beau passage).



La règle du jeu est l'un des films qui a déchaîné le plus les passions des cinéphiles et l'on compte nombre d'analyses à son sujet - le film est même régulièrement classé parmi les plus grands films de tous les temps. Si Renoir écrit dans le générique que le film ne se veut pas une étude de moeurs, il serait heureux, à mon sens, de préciser qu'il est un incontestable chef d'oeuvre a posteriori, Renoir ne pouvant prévoir avec certitude les faits à suivre lorsqu'il le réalisa et, de fait, le caractère anthropologique de son scénario marivaudien. On ne pourrait donc totalement blâmer les critiques négatives de l'époque (Mérigeau rappelle toutefois qu'elles furent partagées avec des papiers dithyrambiques) bien que certaines étaient fondées sur d'autres aspects plus politiques.

Le film reste aussi aujourd'hui un merveilleux film choral : si mes doutes sur Mila Parély n'ont, en revanche, pas évolués, difficile de rester de marbre devant les talents réunis de Julien Carette en braconnier coureur de jupons, Gaston Modot en garde chasse cocu, Jean Renoir en invité mondain excentrique, Pierre Magnier en général strict et respecté, Paulette Dubost en domestique de chambre charmeuse (elle était surnommée Des seins animés sur le tournage, par les techniciens), Roland Toutain en aviateur un peu effacé mais bondissant dès qu'il le peut, et Marcel Dalio en représentant de la classe aristocratique, impérial si j'ose dire.

jeudi 24 janvier 2013

Bon anniversaire à ... Georges Lautner (1926)

Georges Lautner fut un pilier de la comédie populaire française dans les années 1960, 1970 et 1980, trois décennies où l'on retrouve des classiques (Les tontons flingueurs, Les barbouzes, Le Pacha, Flic ou voyou, Le guignolo ou Le professionnel) et quelques raretés (Le septième juré, Les bons vivants, Les seins de glace), toujours avec les plus grandes stars de son époque. La plupart du temps très divertissants, les films de Georges Lautner - parfois dialogués par Michel Audiard - ne sont pas toujours à la hauteur dans la mise en scène, notamment dans les années 1970 où l'on retrouve de terribles effets de caméra, comme cette insupportable introduction ralentie de Joyeuses Pâques avec Belmondo. Personnage sympathique, Georges Lautner a écrit un livre de souvenirs, sous forme d'abécédaire, et publiée en 2005 au titre référence à un de ses films, On aura tout vu. Il se livre avec truculence à des anecdotes sur sa carrière, ponctuée de caricatures. L'une d'entre elles, merveilleuse, évoque un tournage avec une Star, Alain Delon, qui sur le tournage des Seins de glace fit démonter un travelling complexe à mettre en place pour que sa voiture puisse passer et le déposer ... quelques mètres derrière.



Georges Lautner fête aujourd'hui ses 87 ans ! Joyeux anniversaire !

mercredi 23 janvier 2013

Jeanne Moreau ... sur le front de l'Est !

Je m'inquiète de ma santé mentale à l'instant où je débute cet article ! Alors que je viens de terminer l'éprouvante lecture de Rescapé du Camp 14, voilà que m'apprête à une même cruauté que les dirigeants nord-coréens envers une actrice qui fait partie du patrimoine français, s'il en est. Puisqu'elle fête aujourd'hui ses 85 ans, Jeanne Moreau a droit à un article sur L'âge d'or du cinéma français ... mais c'est pour signer son acte d'expatriation vers le Front de l'Est, autrement dit dans la rubrique des bannis.



Puisque je ne pourrai jamais en parler en toute objectivité, autant s'en débarrasser tout de suite. Je n'ai jamais été sensible à quoique ce soit chez Jeanne Moreau, ni sa jeune beauté, ni son jeu mièvre, ni sa voix grave. Elle est souvent, à mes yeux, le point faible de grands films (comment gâcher Les valseuses) et sa façon de minauder m'exaspère (Il est minuit Docteur Schweitzer, Touchez pas au grisbi, Mille milliards de dollars). Les beaux noms qui illuminent sa longue filmographie n'y changeront rien et je me souviens avoir ancré pour de bon mon aversion pour Jeanne Moreau lorsqu'elle reçut un deuxième César d'honneur (!?) en 2008. Sa présence cireuse face au génial Orson Welles dans Une histoire immortelle (1968) résume globalement l'image que j'ai d'elle !

Bon anniversaire quand même chère Jeanne, puisque nous ne sommes pas prêts de nous retrouver. Et ne prenez pas froid !

mardi 22 janvier 2013

"TÊTE D'HORLOGE" (Téléfilm, 1970)



En quelques mots : Toutes les horloges du monde entier s'arrêtent subitement et plus personne n'a l'heure. A Paris, les habitants s'adaptent comme ils peuvent à cette nouvelle et le gouvernement tente de trouver une solution de crise. Dans une école privée, le jeune Verjou et ses petits camarades de classe découvrent avec stupeur que leur professeur, surnommé Tête d'horloge à cause de son ponctualité, possède la seule et unique montre qui fonctionne encore.

L'heure comme nouvel or puisqu'elle est rare, telle est l'idée que trouvent bien vite les élèves du sympathique Tête d'horloge qui décident de la vendre pour s'acheter des sucreries. Evidemment, conte philosophique annoncé dès le générique, les possesseurs de ce qui manque le plus sur Terre sont naïfs, purs, et ne voient pas l'intérêt commercial majeur qu'il représente, du moins à leur propre compte. Ils laissent cette vilaine besogne à un patron sans scrupules qui achète l'heure pour la revendre à prix d'or à des millions d'abonnés. Ce très bon téléfilm de 1970, en pleine Guerre Froide, montre que n'importe quelle ressource, si banale soit-elle, peut devenir une arme financière dès lors qu'elle se raréfie subitement. Heureusement, l'homme de lettres que représente ce professeur est dénué de tout défaut et ramène les enfants dans le droit chemin non sans leur avoir donné une leçon de vie, la sienne étant rythmée depuis tant d'années par le souvenir de l'amour perdu. Le dénouement final est en cela un peu ingénu - un poil décevant même - mais que pouvait-on attendre d'autre d'un conte philosophique ?



Cette histoire de panique mondiale vue à travers les yeux des enfants est très belle à suivre et le vieux personnage incarné par Pierre Fresnay (dont les téléfilms de fin de carrière nous donnent la rare occasion de le voir en couleurs !) absolument charmant. La malice de ses yeux rassurants et sa belle voix font merveille face à de jeunes garnements bondissants, entourés par Paul Le Person, Sophie Grimaldi, Claude Cerval, Philippe Castelli et Bruno Balp. Le caractère intemporel du propos ne démode pas trop ce téléfilm, marqué par une mise en scène inégale, qu'il est plaisant de (re)découvrir aujourd'hui.

lundi 21 janvier 2013

Bon anniversaire à ... Pierre Tornade (1930-2012)

2012 fut marqué par plusieurs disparitions dans le cinéma français, notamment celle de Pierre Tornade, plus discrète que d'autres, à son image. Il fait partie de ces seconds rôles qui pimentent un film, apportant souvent un visage familier et rassurant à une scène que l'on ne jugerait pas importante d'ordinaire, comme cet instant très amusant de Je sais rien mais je dirai tout (Pierre Richard, 1973) où le commissaire qu'il incarne se confond en excuses devant un industriel (Blier) dont le fils est en prison.



Sa filmographie reste très marquée par les nanars et il fut un récurent des films de Guy Lefranc, Jacques Besnard et Michel Gérard. Pourtant, certains rôles sont marquants, grâce à des stars comme Louis de Funès (Le Tatoué, Le petit baigneur, Le grand restaurant) ou Robert Lamoureux (les deux premiers épisodes de la 7ème compagnie). Face à un Jean Carmet en grande forme, il fut aussi impressionnant dans le registre dramatique de Dupont Lajoie (Yves Boisset, 1975) dans le rôle d'un français moyen, père d'une jeune Isabelle Huppert violée et assassinée par son ami. Un acteur qui nous manque.

Pierre Tornade aurait fêté aujourd'hui ses 83 ans !

Louis XVI et le Cinéma Français !

Le Roi de France Louis XVI a été guillotiné il y a exactement 220 ans et son souvenir est encore célébré aujourd'hui, preuve en sont les nombreuses messes d'action de grâce partout en France ce 21 janvier. L'âge d'or du cinéma français s'interroge pour l'occasion sur les acteurs qui ont interprété Louis XVI à l'écran. Ils sont au final assez peu : dans le Napoléon Bonaparte d'Abel Gance (1927), c'est Louis Sance qui endosse le costume royal, quatre ans après L'enfant Roi de Jean Kemm, rôle qu'il ne tient plus en 1935 dans la nouvelle version de Napoléon Bonaparte par Abel Gance (le rôle échoue à Jack Rye).



Le premier acteur véritablement marquant à incarner Louis XVI au cinéma est Pierre Renoir dans La marseillaise de Jean Renoir (1938). Chez Marcel L'Herbier, pour L'affaire du collier de la Reine (1946), c'est Jean Hébey qui s'en charge ; dans Madame du Barry (Christian-Jaque, 1954), c'est au tour de Serge Grand. Le Roi apparaît par quatre fois chez Sacha Guitry, dans Remontons les Champs-Elysées d'abord en 1938, avec Jean Hébey, puis dans sa trilogie historique (Si Versailles m'était conté, Napoléon, Si Paris nous était conté) sous les traits de Gilbert Bokanowski. L'acteur propose un Louis XVI humain, tel que l'historiographie le considère largement aujourd'hui, loin d'un tyran, et compose une très jolie scène lorsqu'une parisienne révolutionnaire s'écroule devant lui, impressionnée.

Dans Marie-Antoinette, Reine de France (1956) de Jean Delannoy, Jacques Morel reste dans une interprétation à hauteur d'homme. Curiosité, c'est l'acteur de second plan, d'ordinaire habitué aux rôles virils de caïds, Albert Rémy, qui interprète le Roi martyr dans La Fayette (Jean Dréville, 1961). Dernière représentation, télévisée cette fois-ci, pour mon plaisir, celle de Pierre Mirat dans Le voyageur des siècles (1971).

Je ne peux m'empêcher de vous mettre à contribution : quel est votre Louis XVI préféré s'il en est un ? Evidemment, il y a autant d’interprétations du Roi dans des films étrangers, l'une des plus appréciables restant celle de Michel Piccoli dans La nuit de Varennes (Ettore Scola, 1982). On notera aussi que c'est l'excellent Jean-François Balmer qui endosse le rôle dans La Révolution Française de Robert Enrico en 1989, à qui succède Dominique Besnehard dans Beaumarchais l'insolent. Si le film de Edouard Molinaro est tout à fait honnête, l'interprétation de celui qui était alors l'un des agents artistique les plus célèbres de France est beaucoup plus discutable. Dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola c'est l'acteur Jason Schwartzman qui devient l'époux de la Reine, rôle à mon sens bien mieux assumé par Xavier Beauvois dans le récent et intéressant Les adieux à la Reine (2012).

samedi 19 janvier 2013

"TOI C'EST MOI" (de René Guissart, 1936)

En quelques mots : Bobby Guibert et son meilleur ami Patrice passent leur jeunesse dorée dans des soirées mondaines, entre filles et alcool, avec l'aide financière d'une vieille tante. Celle-ci, alarmée par son comptable sur l'état des finances, décide d'envoyer son neveu aux colonies où elle possède une exploitation. Quand il apprend qu'il devra travailler comme un employé, Bobby échange sa place avec son ami mais tombe amoureux de la fille du propriétaire.

Adapté d'une célèbre opérette éponyme de Henri Duvernois et Albert Willemetz, Toi c'est moi ne doit pas être considéré aujourd'hui pour autre chose que ce qu'il était lors de sa sortie, un divertissement sans prétentions. Oubliés alors les évocations sans complexes de la période coloniale, l'usage abusif du mot nègre (qui vaut aujourd'hui à Quentin Tarantino une petite polémique, pour son nouveau film) et l'exotisme de pacotille d'Antilles de studio. La décontraction des acteurs et l'humour bon enfant de l'ensemble rendent cette comédie musicale tout à fait charmante, à l'image de cette séquence où Tabet et Junie Astor sont poursuivis par un crocodile grotesque (gonflable ?) qu'il faut prendre au second degré. Pills et Tabet sont sympathiques dans leurs premiers rôles bondissants, tout autant que les actrices du film, Claude May en superbe fille de planteur, Junie Astor en fille de gouverneur et Pauline Carton dans un rôle de bourgeoise qui lui change un peu des soubrettes. Saturnin Fabre et André Berley complètent le casting.



Film de vacances par excellence, Toi c'est moi reflète une certaine idée de l’insouciance qui a pu exister dans des esprits de la France de 1936, gouvernée pour la première fois par des socialistes, prometteurs de nouveaux espoirs. On s'étonne même de quelques libertés prises dans le scénario, à l'image d'un amour entre un blanc et une noire, des seins apparents de Claude May partie se baigner nue ou de la chanson restée célèbre, Sous les palétuviers, dont les paroles sont équivoques.


Biche, ô ma biche !



Quelques nouvelles de Claude Gensac ! Cette belle actrice que nous aimons tous a été de nouveau mise à contribution par Laurent Delahousse il y a quelques temps dans une énième émission sur le souvenir de Louis de Funès, modestement intitulée Derrière le masque. Pas de révélations ni de nouveautés évidemment mais le plaisir de revoir des partenaires de l'acteur comique (dont France Rumily en plateau, invitée à parler ... environ 30 secondes) et la tristesse d'entendre Claude Gensac rappeler qu'on l'avait enterrée artistiquement à la mort de son plus célèbre mari de cinéma.

Sur internet, j'ai découvert récemment un site entièrement consacré à l'actrice par une fan allemande qui fait l'effort de s'exprimer dans notre langue. On y retrouve les rubriques classiques ainsi que quelques photos assez rares. N'hésitez pas à y jeter un coup d'oeil : http://www.claude-gensac.com ou à vous aventurer sur Facebook pour liker la page fan de Claude Gensac !

"LE CHIEN JAUNE" (de Jean Tarride, 1932)

En quelques mots : A Concarneau. Après une soirée arrosée, un notable sort du bistrot, tente d'allumer un cigare et reçoit une balle dans le ventre quand il s'approche d'une maison abandonnée. Le commissaire Maigret, chargé de l'enquête, rencontrent les amis de la victime, lesquels découvrent le soir-même un mystérieux mot : A qui le tour ? La panique s'empare des habitants.

Le chien jaune est l'adaptation du roman éponyme de George Simenon, écrit et publié en 1931, et la seconde transposition à l'écran du célèbre personnage, la même année que La nuit du carrefour avec Pierre Renoir. Le roman, bien qu'assez simple, reste un très bon policier et garde son suspens jusqu'aux pages finales, aussi laconiques que le vieux Jules Maigret. C'est sûrement ce génie de la simplicité, du banal, qui accorde à l'auteur son immense succès, jamais démenti, et bien difficile à transposer au cinéma. D'ailleurs, les adaptations suivantes ne s'y trompèrent pas et proposèrent quelque chose d'autre : la fluidité des enquêtes teintées des caractères comiques des seconds rôles dans les Maigret avec Albert Préjean (Picpus, Cécile est morte), l'évocation sociale du Paris et de la France des années 1950 dans les Maigret avec Jean Gabin (Maigret tend un piège, L'affaire Saint-Fiacre). Tout le problème du Chien jaune est qu'il manque d'une ambition extérieure à l'intrigue policière - pas même celle du divertissement.



Claude Beylie et Philippe d'Hugues dans leurs Oubliés du cinéma français sont généreux concernant l'interprétation d'Abel Tarride (père du réalisateur) en commissaire Maigret, qu'ils jugent convaincante. Georges Simenon fut plus réservé quant à ce personnage mou ayant l'air d'un animal en baudruche. Si la stature silencieuse du comédien sied bien au policier, sa démarche tassée et ses airs gourds font de lui un inspecteur provincial tout ce qu'il y a de plus commun. Restent les seconds rôles, comme toujours, pour apporter un peu de vie à cette adaptation pâlotte, Robert Le Vigan en tête, hélas sous-exploité.



L'enquête du roman, pourtant intéressante et facile à adapter, est ramenée à une accumulation de scènes où le policier subit l'action au lieu de s'y intéresser, finissant par résoudre l'intrigue avec une incohérence dommageable - il est bien le seul à avoir compris quelque chose. La panique des habitants d'un village, l'image d'un chien comme annonciateur de la mort, le brouhaha des journalistes qui font du bistrot une salle de presse ne sont pas considérées dans le film, hélas. La mise en scène n'y fait rien, seules quelques jolies séquences extérieures et une tentative de restitution de l'ambiance brumeuse de l'univers Simenonien peuvent convaincre, à la limite.

jeudi 17 janvier 2013

Les débuts à l'écran de ... Jacques Dufilho !



Croisières sidérales (André Swobada, 1942) est un film intéressant. Outre son propos intergalactique amusant pour un film des années 1940, où une équipe de scientifiques embarque dans une capsule spatiale puis dans un vaisseau qui finit par dévier vers Vénus (!), c'est l'occasion d'une première apparition à l'écran pour Bourvil (en figurant, difficile à identifier) et Jacques Dufilho, dans un petit rôle de bûcheron. Quand la capsule s'écrase sur un arbre, il est celui qui va aider Julien Carrette et Madeleine Sologne à en descendre, puis se propose même de les raccompagner en voiture jusqu'au centre scientifique. Et quelle voiture ! ...

"L'ASSASSIN A PEUR LA NUIT" (de Jean Delannoy, 1942)

En quelques mots : Après un dernier casse, le séduisant Olivier décide de raccrocher et de se mettre au vert quelques temps, dans le Sud de la France, délaissant sa maîtresse Lola. Il y rencontre un jeune ouvrier, Gilbert, et sa jolie soeur Monique, dont il tombe amoureux. Mais l'appât du gain n'est jamais très loin et, à Paris, un antiquaire tente de faire chanter Lola.

Il y aurait beaucoup à dire sur les titres français de certains films américains de la période classique ; à l'image d'un High Noon (Fred Zinnemann, 1953) transformé en Train sifflera trois fois ou She Wore A Yellow Ribbon (John Ford, 1949) devenu La charge héroïque. Je suis d'ailleurs de ceux qui achètent un film ou une affiche pour un titre qui fait déjà rêver. Combien de fois ais-je fantasmé sur Les aventures du Capitaine Wyatt (Raoul Walsh, 1951) juste pour l'exaltante promesse exotique du titre ? Dans le cas présent, je ne peux que constater ma déception devant ce titre prometteur un rien mensonger : l'assassin en question ne l'est pas vraiment - ou pas comme on voudrait qu'il le soit - et de nuit, il n'y a que la lumière d'une chambre d'hôtel. Evidemment, la nouvelle originale est éponyme, belle excuse, et le titre est cinématographique. Pour autant, n'allez pas croire que mon amertume sur ce film de Jean Delannoy n'est liée qu'au titre, ça serait trop simple, mais comme si tout le monde était conscient de sa faiblesse globale, les leurres s'accumulent : jaquette de DVD sur Jules Berry, visage torturé et arme au poing ; Mireille Balin comme star d'un film où elle n'a que quatre scènes.



De fait, L'assassin a peur la nuit est plus un drame sentimental qu'un film policier et après une très bonne ouverture (y compris une petite scène avec deux policiers, géniale), intrigante, bien mise en scène et formidablement éclairée, plus rien ne se passe. On prend plaisir à voir Mireille Balin jouer les femmes fatales, sans éclats, et Jules Berry l'antiquaire fourbe et intéressé ; on suit les aventures amicales puis amoureuses du trio Jean Chevrier/Louise Carletti/Gilbert Gil mais force est de reconnaître qu'il n'y a rien de palpitant. Le film s'étire sur une heure quarante en accumulant les séquences convenues ; seul le geste final du policier pour son prisonnier - lui détacher les menottes pour qu'il puisse saluer sa fiancée - nous sort de notre léthargie volontaire. Restent les décors naturels assez éloignés de l'image grise que l'on peut se faire de l'Occupation.



Jean Delannoy tourna cette adaptation de Pierre Véry (auteur des romans, adaptés au cinéma, Les disparus de Saint-Agil, L'assassinat du Père Noël, Goupi-Mains rouges, Un grand patron ...) en Zone Libre en 1942, trois ans après Macao, l'enfer du jeu. Il semblerait que ce drame ait été pour lui l'occasion de continuer à travailler sans la pression de l'occupant allemand. Du reste, il n'en a jamais gardé un grand souvenir et commença le tournage de Pontcarral, colonel d'empire quelques semaines après.

mercredi 16 janvier 2013

Décès de Perrette Pradier (1938-2013)



J'apprends aujourd'hui la disparition de l'actrice Perrette Pradier, à l'âge de 74 ans. Comédienne de doublage et de théâtre principalement, elle a aussi interprété une vingtaine de rôles au cinéma, dont la Constance des Trois mousquetaires de Bernard Borderie (1961) et la Betty au destin fatal de Blague dans le coin aux côtés de Fernandel (Maurice Labro, 1963). On l'a vu aussi chez Robert Hossein, Julien Duvivier (La chambre ardente, 1961) et même Fred Zinnemann (Et vint le jour de la vengeance, 1964).

Bon anniversaire à ... Jean Gaven (1922)



C'est un grand plaisir pour moi d'évoquer Jean Gaven, second rôle important du cinéma français des années 1950 et 1960, qui a prêté son solide physique aux plus grands réalisateurs : Henri Verneuil (Le boulanger de Valorgue, 1953), Jean Delannoy (Obsession, 1954), Christian-Jaque (Si tous les gars du monde, 1956), André Cayatte (Piège pour Cendrillon, 1965), Georges Lautner (Le Pacha, 1968) ou René Clément (Le passager de la pluie, 1969).

Étonnamment, c'est avec des sympathiques nanars des années 1950 que j'ai vraiment découvert Jean Gaven, aux côtés de celle qui est toujours son épouse aujourd'hui, la belle Dominique Wilms, Les pépées font la loi (1955), La rivière des 3 jonques (1957) et Les aventuriers du Mékong (1958).

Aujourd'hui, il fête ses 91 ans ! Joyeux anniversaire !

mardi 15 janvier 2013

Marcel Dalio dans "Les hommes préfèrent les blondes" (Howard Hawks, 1953)



Décidément, nos acteurs français recrutés par Hollywood sont gâtés. Quand Jacques Marin étreignait Audrey Hepburn dans Charade (Stanley Donen, 1963), Marcel Dalio s'offrait une petite danse privée de la part de la magnifique Jane Russell ... déguisée en Marilyn Monroe ! Dans le classique Les hommes préfèrent les blondes, réalisé par Howard Hawks, Dalio incarne un juge chargé d'éclaircir la disparition d'un bijou de grande valeur. Et pour lui prouver qu'elle est bien Marilyn/Lorelei, Jane Russell et sa perruque blonde font une interprétation savoureuse de Diamonds Are A Girl's Best Friend en plein tribunal !


lundi 14 janvier 2013

"PICPUS" (de Richard Pottier, 1943)



En quelques mots : Alors qu'il est en vacances incognito et ne souhaite pas être dérangé, le commissaire Maigret doit reprendre du service : une femme qui vient de déménager a retrouvé un cadavre dans son armoire. Le lendemain, elle est assassinée après que l'assassin a prévenu de son crime dans les journaux, signé Picpus.

Picpus est le premier opus de la trilogie Maigret avec Albert Préjean dans le rôle du célèbre commissaire, avant Cécile est morte (Maurice Tourneur, 1944) et Les caves du Majestic (Richard Pottier, 1944), produite par la Continental-Films. Au casting donc, on retrouve des têtes que nous aimons : Jean Tissier en doux excentrique, Noël Roquevert comme écrivain en mal d'inspiration, Pierre Palau en médecin légiste, Edouard Delmont en vieux fou - des amis de la famille en somme, dans leurs rôles de prédilection. Mais il faut s'arrêter sur celui, peut-être moins connu, qui s'impose aux côtés de Albert Préjean, André Gabriello, en inspecteur lourdingue au vif débit de paroles et qui ponctue toutes ses phrases d'un C'est immmmpressiooonnnant ! Un régal !

L'adaptation de Jean-Paul Le Chanois reste très efficace, autant que la mise en scène de Richard Pottier qui utilise au début du film, pour résumer les faits au commissaire Maigret qui conduit une voiture, un petit encadré où défilent des images ; une sorte de split screen avant l'heure, assez rare au cinéma avant les années 1960 ! De Paris à la Bretagne, Albert Préjean poursuit son enquête avec le sourire au coin des lèvres tout en gardant sa classe dans les situations les plus excentriques - à l'image de la coiffe indienne qu'il porte lors d'un gala de charité (dans Cécile est morte, on se souvient d'une poursuite en tandem !). Les dialogues permettent à tous les acteurs secondaires de faire leur petit numéro avec talent. Classique mais efficace.



La foule se presse voir Picpus lors de sa sortie au cinéma Normandie à Paris(1943)


Une vie en affiches : Mireille Balin (1909-1968)

Mireille Balin (1909-1968) fut l'une des plus belles actrices françaises des années 1930 et 1940. Celle dont Jean Delannoy affirmait qu'elle avait la plus belle chute de rein de Paris ne tourna pourtant que 29 films, la faute à une carrière brisée à la Libération. Voici sa carrière résumée par les affiches de films !







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