dimanche 21 juillet 2013

"PAMELA" (de Pierre de Hérain, 1945)



En quelques mots : Sous le Directoire, le jeune dauphin, fils de Louis XVI, reste prisonnier dans une cellule de la prison du Temple. Paul Barras est l'homme fort du moment et exerce, par son autorité et son intelligence, un pouvoir mesuré face aux intrigues royalistes visant à faire échapper l'héritier au trône de France. Paméla, une commerçante pleine de charme, se rallie à la cause loyaliste et use de ses charmes pour piéger Barras.

Paméla apparaît un titre bien mal choisi pour cette intrigue historique que l'on aurait préféré nommée, à l'image du sous-titre de l'affiche, L'énigme du Temple. L'un des grands intérêts du film est, en effet, d'évoquer les mystères qui entourent l'existence du fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, le jeune Louis-Charles, que l'on connaît également comme Louis XVII, puisque successeur de droit à son défunt père. Emprisonné au Temple, le jeune garçon fut l'objet de toutes les convoitises : des républicains qui voulaient conserver cette graine de tyran dans ses geôles ; des royalistes qui voyaient en lui le Roi de France légitime. L'argument du film est l'exploration romancée d'une rumeur selon laquelle le jeune Dauphin aurait été libéré par des partisans et considéré comme mort puisque remplacé par un autre petit garçon, décédé dans sa cellule en 1795. Nous savons aujourd'hui, par des analyses ADN que Louis XVII est bien mort dans sa prison - son cœur repose dans la basilique Saint-Denis - mais le film, réalisé au milieu des années 1940, pouvait encore se permettre de croire à cette substitution historique.


Romancée et parsemée d'incohérences, l'histoire de Paméla n'en demeure pas moins prenante, malgré de longues séquences mondaines inutiles. Le réalisateur Pierre de Hérain, aujourd'hui plus célèbre pour être le gendre du Maréchal Pétain que pour son oeuvre, met en scène quelques beaux moments de cinéma, bien éclairés, réunissant pour l'occasion un Fernand Gravey impeccable en Barras manipulateur et Renée Saint-Cyr en Paméla intrépide et rusée. René Génin, Gisèle Casadesus (Joséphine de Beauharnais), Jeanne Fusier-Gir, Georges Marchal (inexploité) et Raymond Bussières (très bon) complètent la distribution.

Le film est daté pour plusieurs raisons de circonstance - la thèse de départ, les moyens de production, les accents théâtraux de certains acteurs, la pauvreté des décors - mais ne mérite pas une opprobre qui serait bien injuste. Tout passionné d'Histoire trouvera un intérêt dans ce film de 1945 qui oppose deux France, sans que l'on retrouve pour autant la force cinématographique et métaphorique des Chouans de Henri Calef (1946).

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