samedi 22 septembre 2012

"LAISSEZ-PASSER" (de Bertrand Tavernier, 2002)


En quelques mots : Pendant l'Occupation, les destins croisés de deux hommes de cinéma : Jean Aurenche, scénariste, qui décide de ne pas travailler pour les Allemands et de vivre dans l'inconfort ; Jean Devaivre, assistant-réalisateur qui rentre à la Continental Films pour assurer sa sécurité, tout en résistant et en fréquentant des dissidents comme Jean-Paul Le Chanois.

Certes, 2002 c'est un peu récent pour que ce film fasse partie de l'âge d'or du cinéma français ... et pourtant, il en est largement question dans Laissez-passer, plus particulièrement du cinéma français sous l'Occupation. A travers le destin de deux hommes de cinéma, Bertrand Tavernier reconstitue le Paris occupé, les tournages de l'époque, les hommes et les idées. Fait étonnant, j'évoquais il y a quelques jours, en filigrane, le tournage de La main du diable pour rappeler que c'est Jean Devaivre qui prêta sa main pour les besoins d'une scène importante. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir le lendemain, dans le film de Bertrand Tavernier, une séquence qui résume cette anecdote (que je vous propose de revoir ici en vidéo).

On se régale de voir reconstitués les tournages de deux films de Maurice Tourneur (très bien interprété par Philippe Morier-Genoud), La main du diable et Cécile est morte, et de Richard Pottier, Huit hommes dans un château et Les caves du Majestic, et de découvrir les détails d'un tournage pendant la guerre : manque de nourriture, scénaristes emprisonnés, manque de bois (réquisitionné pour faire des cercueils !) et metteurs en scène parfois dépassés. Jean Devaivre (formidable Jacques Gamblin) entre à la Continental, et on rencontre avec lui son directeur, le tolérant Alfred Greven qui engagea consciemment un juif communiste comme Jean-Paul Le Chanois parce qu'il savait qu'il était bon scénariste.

Michel Simon de dos, sur le tournage de Au bonheur des dames (de André Cayatte)

Les séquences avec le scénariste Jean Aurenche (très bon Denis Podalydès) sont moins fortes, plus personnelles, et cèdent d'ailleurs le pas rapidement aux aventures dans la résistance de Jean Devaivre. La longueur (peut-être un poil excessive) du film ne gâche rien au plaisir, et je ne peux que le conseiller à tous les cinéphiles curieux de cette période.

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