dimanche 23 septembre 2012

Le dernier rôle à l'écran de ... Fernandel !

Fernandel possède une des plus riches filmographies du cinéma français, et jouit d'un prestige important tout au long de sa vie - à juste titre. Après plus de 50 ans de carrière, un peu affaiblit par la maladie et par une décennie plus inégale en terme de bons films, il endossa une ultime fois le rôle d'un homme simple, dans sa Provence natale.

Échec à sa sortie, Heureux qui comme Ulysse (1970) est considéré par le biographe de Fernandel, Jacques Lorcey, comme un des dix meilleurs films de l'acteur ; j'avoue m'inscrire dans cette lignée et accorder une immense affection pour cette tendre histoire. A le revoir aujourd'hui, on est marqué par les premières paroles de la chanson de Georges Brassens "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages, et puis a retrouvé, après maintes traversées, le pays des vertes années". Conduisant son cheval à pied, à travers le pays de son enfance, vers un lieu de liberté pour qu'il finisse paisiblement sa vie, Fernandel conclut magnifiquement sa carrière. On ne peut s'empêcher d'y voir une métaphore de sa propre existence, elle-même jalonnée de cent paysages et de maintes traversées, avec cette "gueule de cheval" qui fit sa gloire.


Les derniers plans du film sont formidables : après avoir libéré son cheval au milieu des seins, Fernandel s'éloigne tout seul, distance la caméra. On ne peut imaginer qu'il s'agisse du dernier plan de sa carrière, il ne peut pas disparaître comme un cowboy solitaire dans un western. Alors qu'il entend un bruit, il se retourne, le visage sombre et voit apparaître son cheval, qui revient vers lui, comme pour le remercier. Heureux, le tout dernier plan de Fernandel au cinéma est un visage souriant, celui du comique populaire qu'il fut toute sa vie, regardant vers le ciel, apaisé et remercié par celui qu'il a aidé. On n'aurait pu lui souhaiter plus belle sortie.

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