samedi 15 septembre 2012

"LE VOYAGEUR DES SIECLES" (Série TV, 1971)


En quelques mots : En 1981, le jeune Philippe d'Audigné est porté disparu ... et pour cause ! Grâce à une machine à remonter le temps, il est partit rejoindre son ancêtre le professeur François d'Audigné, à la fin du XIXe siècle ! De là, il entend avoir des explications sur le portrait de famille dont il est tombé amoureux, celui d'une jeune femme morte sur l'échafaud pendant la Révolution Française.

Le premier carton du générique annonce "Une Julvernerie moderne de Noël-Noël", celui-ci ayant en effet depuis très longtemps cet ambitieux projet de voyage à travers le temps pour le cinéma. Hélas, long et cher, il ne vit pas le jour comme le souhaitait son auteur, mais fut réalisé pour la télévision (avec des moyens réduits), en quatre épisodes. Diffusés pendant des vacances scolaires, il n'attira pas le public et passa complètement inaperçu. Noël-Noel lui-même, qui ne voyait pas son projet se concrétiser comme il l'aurait souhaité, n'y participe pas en tant qu'acteur. Toutefois, la mise en scène est signé de Jean Dréville, son complice de La cage aux rossignols ou A pied, à cheval et en spoutnik.

Cette mini-série télévisée, ressortie dernièrement en DVD (édité par l'INA), est une franche réussite inventive, où l'on prend plaisir à suivre les aventures dans le temps des Audigné, incarnés par les méconnus Robert Vattier et Hervé Jolly. Évidemment le manque de moyens se fait régulièrement sentir, surtout lorsqu'il s'agit de montrer le Paris de l'époque moderne, mais la mise en scène évite la plupart du temps ces plans larges, recentrant l'action sur les regards étonnés de nos deux héros. Et il y a de quoi s'étonner dans cette histoire de voyage à travers le temps !

  • Prologue : "L'étrange disparition de Philippe d'Audigné".
L'ouverture de la série est aussi la plus bavarde, peut-être la moins réussie. Si elle sème habilement le trouble dans nos esprits - on ne comprend rien à cette disparition -, elle laisse aussi le spectateur un peu en dehors de l'histoire. Les points les plus amusants sont encore les inventions du futur (l'épisode se déroule en 1981), où l'on découvre l'ancêtre du rétroprojecteur et des écrans de surveillance très particuliers. Roland Giraud et Georges de Caunes font une petite apparition très sympathique, où l'on apprend que Georges Brassens est entré à l'Académie Française et Jean Marais à la Comédie Française !

  • Épisode 1 : "L'homme au tricorne".
Mélange d'explication scientifiques et de visions du futur, ce premier épisode est tout à fait passionnant. On apprend que le jeune Philippe d'Audigné, en appliquant les recherches de son aïeul, a mis au point un appareil capable de réfléchir les miroirs à travers les siècles. Dans un miroir prêté par un ami conservateur, il a ainsi pu apercevoir quelques instants un vieux comédien en train de se maquiller ... Molière ! Le jeune homme débarque dans les années 1880 chez son aïeul, à qui il entend bien prouver que ses recherches étaient géniales. Il lui explique aussi l'autre but de sa visite : dans un miroir du château, il a vu le reflet d'une magnifique jeune femme qu'il entend bien aller retrouver.


  • Episode 2 : "L'album de famille".
Là commence le second voyage dans le temps, vers le règne de Louis XVI, quelques mois avant le début de la Révolution Française. Les deux explorateurs découvrent alors le Paris de 1788, ses coutumes, ses brigands et ses chemins de traverse (futures rues Miromesnil et boulevard Haussmann !). Cet épisode, peu riche en rebondissements (le moins attrayant des quatre), permet de comprendre le principe de la machine à remonter le temps et installe la suite des aventures.

  • Épisode 3 : "Le grain de sable".
Les deux Audigné partent vers leur château, à la rencontre de leurs aïeux (et de la belle jeune femme !). Une séquence est tout à fait amusante, surtout a posteriori : Philippe et François ont pris place dans une carriole qui doit les conduire vers le château, et la voix-off se plaît à commenter le voyage comme sur une route contemporaine ; ainsi les chauffards doublent vite et par la droite, certains se trainent et provoquent des bouchons, et tout le monde se calme quand deux chevaux avec des gendarmes mènent le cortège ! Une réplique du jeune homme est succulente : apostrophant un chauffard, il s'exclame "Alors ? on ne laisse pas passer la gauche ?", ce à quoi le paysan répond "Mais la gauche, elle passera jamais !" ... ironie du sort lorsque l'on sait que l'épisode a été écrit en 1971 mais que le jeune homme est censé venir de ... 1981 !

Au château, les deux hommes se jouent du temps : ils se présentent comme s'appelant Winston Churchill et Bob Dylan, récitent des vers de Verlaine et se prennent une cuite. Mais lorsque Philippe découvre sa belle en chair et en os, il décide de bouleverser le cours de l'Histoire ...

  • Épisode 4 : "Le bonnetier de la rue Tripette".
Dernier épisode savoureux de cette mini-série où nos deux héros se retrouvent, en 1808, dans une Histoire de France qu'ils ont modifiés eux-mêmes : la Révolution n'a jamais bouleversée la France, Louis XVI a fait de belles découvertes scientifiques et la guerre avec l'Allemagne menace. La Bourgogne, où habite la belle comtesse dont Philippe est amoureux, est assiégée par l'envahisseur et personne ne semble pouvoir y faire face. Les deux hommes décident alors d'appeler le seul capable de diriger une armée ... Napoléon Bonaparte, qui dans cette Histoire modifiée, a abandonné l'armée pour se marier et diriger une entreprise de lainage ! La rencontre avec l'illustre "petit caporal" est aussi émouvante que si nous la vivions nous même et conclut admirablement les aventures des Audigné !


Il faut avouer toutefois que la mise en scène laisse parfois à désirer, et qu'on ressent la sensation d'urgence de réalisation propre aux téléfilms. Cependant, elle ne gâche jamais le plaisir que l'on a à suivre cette Histoire revisitée. Curieusement, on se prend vite au jeu et les découvertes de Louis XVI ou Napoléon sont autant de moments très forts, comme si il s'agissait d'un extraordinaire documentaire !

Notons aussi le plaisir de reconnaître ça et là quelques figures sympathiques du cinéma ou du théâtre français : Lucien Raimbourg en professeur septique, Roger Carel en Napoléon Bonaparte, Laurence Badie en Madame Bonaparte, Guy Delorme en brigand ou Pierre Mirat en Louis XVI. La mini-série vaut aussi pour ses quelques inventions. Ci-dessous, découvrez pêle-mêle ce qui aurait pu exister en 1808 : un téléphone, une voiture à bras roulante, une sorte de voiture individuelle, ou en 1981 ... la voiture volante du facteur !


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